Années 1960. George Falconer perd le goût de vivre quand il apprend par téléphone la mort de son compagnon, Jim, avec qui il partageait sa vie depuis seize ans. (Il ne sera même pas autorisé à aller à l'enterrement, "famille seulement" ). Le film commence huit mois plus tard. George est hanté chaque nuit par le souvenir de son amour perdu, s'imaginant la scène de l'accident. Il doit alors se lever, la sensation de sa solitude s'installant au plus profond de lui, chaque matin. Et rituellement, il enfile le masque de George, professeur d'université, classe et bien habillé, sa seule devise étant de survivre à la journée qui s'annonce. Jusqu'au jour où il en a assez.

Colin Firth est éblouissant dans la triste peau de George Falconer. Il m'aura encore plus ému que dans "Le Discours d'un Roi", c'est pour dire. Il n'en fait jamais trop, et la moindre de ses actions nous blesse, on en arrive à ressentir la souffrance qu'il éprouve rien qu'en regardant ses yeux divaguer vers des souvenirs heureux (les scènes avec Matthew Goode, empreintes d'une certaine mélancolie). Une Julianne Moore triste et raffinée dans son élégante robe noire, magnifique dans son rôle d'amie. Un Nicholas Hoult à tomber avec ce charme uniquement réservé aux anglais, et les quelques minutes en compagnie de Jon Kortajarena raviront tout amateur(trice) de beauté.

Tom Ford aura fait de son premier film une vraie perle visuelle. C'est littéralement beau. Des couleurs évoluant en fonction des émotions ressenties par George, ces dernières normalement grises et saturées, augmentant en intensité lors d'une vision de beauté ou d'un souvenir heureux. Les costumes sont dignes de la garde robe la plus chic de James Bond, les coiffures sont méticuleusement pensées et la musique signée Abel Korzeniowski accompagne divers plans magnifiques.

- SPOILERS -
George n'a plus rien à perdre. Il est seul. Souffre. Ne ressent plus. Est invisible.

("But a minority is only thought of as one when it constitutes some kind of threat to the majority. A real threat or an imagined one. And therein lies the fear. If the minority is somehow invisible, then the fear is much greater. That fear is why the minority is persecuted. So, you see there always is a cause. The cause is fear. Minorities are just people. People like us.")

George décide de dire adieu à la vie. Après notes, démission, achat de munitions, et plusieurs tentatives, il tombe sur Kenny, un de ses élèves qui l'a suivit. George va alors recommencer à vivre le temps d'une nuit, "à sentir, plutôt qu'à penser". Et c'est en faisant la paix avec sa détresse, sous les derniers tic-tac d'une horloge que George tombera finalement.

Véritable sujet de réflexion quant à la perte d'un être cher, je sors très émue de ce film dont mes yeux n'auront pas loupé une seconde, mais auront versé quelques larmes. Ce serait bien que Tom Ford nous en refasse un comme ça!

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le 28 déc. 2013

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Oberyn

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