Just get through the goddamn day
Le cadre du film, situé en Californie en pleine crise de Cuba, est somptueux. Le héros est habillé comme un dieu, encore plus que Don Draper de Mad Men, vivant dans une glass house héritée de Frank Lloyd Wright. Il fume, boit et conduit une voiture racée chromée. C'est assurément un film de styliste ! La réalisation n'est non plus pas en reste ; la photographie, les plans, la vibrante bande sonore prolongent avec talent et cohérence ce sens esthétique aigüe.
L'histoire évite de tomber dans la facilité de son sujet suranné. La dépression et la solitude de George sont servies par la touchante retenue de son interprète. Au-delà de l'aspect d'une page glacée de mode, la sensibilité voire l'émotion parviennent à poindre et à percer.
Le récit ne se complaît heureusement pas dans son postulat de départ. Au fur et à mesure que les horloges égrènent leurs lourdes secondes, les couleurs apparaissent, se réchauffent ; George oublie cette terrible scène enneigée qui le hante, l'ennui poussiéreux de ses réveils et redécouvre le désir, la curiosité, pour finir par brûler au coin d'un feu et sur les lèvres rouges vives d'un étudiant.
Un presque sans faute pour ce premier pas dans le monde du cinéma, tout du moins d'un point de vue formel. A surveiller, en espérant que Tom Ford transforme l'essai.