Et si 2018 était l'année des histoires d'amour au cinéma ? La première partie de cette nouvelle version de l'inépuisable histoire de "A Star is Born" est un pur enchantement : le coup de foudre, l'envol des sentiments, les cimes atteintes lorsque les deux amoureux chantent ensemble en public, etc. Rien que du banal, du trivial même, mais qui atteint ici une vérité rare, que dis-je, exceptionnelle dans le cinéma hollywoodien. Est-ce l'alchimie tangible entre Bradley Cooper et Lady Gaga ? Est-ce le talent certain des deux interprètes ? Est-ce la naïveté (au sens positif du terme), la virginité du regard d'un metteur en scène débutant - mais qui a dû avoir appris quelque chose de Clint Eastwood, dont l'ombre plane sur le film (qu'il devait à l'origine réaliser...) ? Ajoutons y quelques scènes particulièrement crédibles de concerts - sans doute grâce au soutien de Live Nation qui co-produit -, et voilà une bonne heure de plaisir d'autant plus satisfaisant qu'il est totalement inattendu.
La suite est moins brillante, qui voit le film s'enliser progressivement dans des scènes convenues, et échouer à traiter correctement la multitude de sujets évoqués : la perte de l'innocence de l'artiste emporté par la machine du succès, les traumas comme source d'inspiration, le noir destin des stars de rock, et la jalousie dans le couple lorsque l'une s'élève quand l'autre dégringole - ah non, en fait ce dernier thème, central dans les versions précédentes, est ignoré ici, l'amour semblant triompher facilement de ces mesquineries... Alors on s'ennuie un peu, et on se rend compte que Cooper n'est pas si maître que cela de sa mise en scène. Mais il reste Lady Gaga, dont la prestation impeccable, terriblement humaine et juste, surprend par rapport à l'image publique de la star : la regarder permet d'aller au bout du film sans trop de mal...
Un dernier commentaire : à mon avis, la médiocrité générale de la musique jouée ici, ainsi que des textes des chansons fait quand même mal, et abime la crédibilité générale de l'histoire. Mais ça, c'est juste moi qui fait la mauvaise tête, sans aucun doute...
[Critique écrite en 2018]