La vie n'est pas faite de hasard mais de rencontres. Qu'elles soient agréables ou non, passagères ou initiatrices de longues amitiés, certaines d'entre-elles nous marquent plus que les autres. Si dans un premier temps on ne se rend pas toujours compte de l'importance de celles-ci, le temps peut nous permettre de réviser notre jugement. La mémoire a beau être lacunaire, sélective et dégénérative, elle reste l'origine d'un des sentiments les plus beaux qui soient: la nostalgie. Question de point de vue bien entendu, d'aucuns diront que ce dernier n'est que regrets et remords, mais moi j'y vois une source toute personnelle de bonheur. Penser à ce souvenir en particulier, cet instant de votre vie où vous avez vécu un moment heureux - au delà du fait de laisser sur votre visage un sourire béat incontrôlable - apporte un sentiment de bonheur unique et impérissable...
Le temps passe vite, la vie fait son chemin, les gens se perdent de vue, s'occupent de leur propre existence et oublient. Cependant il arrive parfois, bien des années plus tard à la vue d'un objet, d'une impression de déjà-vu ou que sais-je encore, qu'on se rappelle de quelque-chose qui était jusqu'alors enfoui au fond de notre esprit. Ce quelque-chose, pour les personnages de l'histoire qui nous intéressent ici, c'est Yonosuke.
Yonosuke c'est le cliché de l'étudiant un peu là par hasard, bébête, insouciant mais foncièrement gentil. Celui qui déborde d'empathie, ne demande qu'à aider, mais n'a aucune idée comment faire. Maladroit niveau relationnel, pas forcément brillant, il ne se distingue du commun des mortels que de part ses défauts... mais c'est là que se trouve tout son charme. Rayon de soleil dans les vies d'une poignée de personnages, il va marquer un réel tournant pour chacun d'entre eux sans le savoir. Du simple entremetteur au coach d'affirmation personnelle, il va endosser divers rôles importants en étant simplement lui-même.
"A Story of Yonosuke" est le berlingot de lait du cinéma japonais. Plaisir indescriptible qui malgré sa longueur apparente s'avère bien trop court, il offre un moment d'une extrême générosité qui nous fait ressentir, bien qu'extérieurs à l'histoire, cette nostalgie personnelle à chacun dont je parlais plus haut. Condensé de scènes quasi-doucereuses, sublimées par un japon ensoleillé et estival aux couleurs chatoyantes, l'oeuvre est une merveille de simplicité. Alternant souvenirs de jeunesses et scènes au présent en évitant l'éternel écueil du flash-back lourdingue, tout semble s’enchaîner de manière spontanée, comme s'il s'agissait juste bel et bien de l'exposition des dérives désintéressées et aléatoires d'un rêveur parmi les siens.
Et si la fin et la réalité derrière l'histoire au présent semble bien moins gaie, nulle volonté de vouloir partager de la tristesse ici, au contraire: comme le disent d'ailleurs les différents personnages dans l'oeuvre, on ne souviendra de Yonosuke qu'en riant.
C'est donc un film qui donne le sourire, invite à profiter de la vie, de sortir de chez soi, faire de nouvelles rencontres, tomber amoureux ou s'amuser tout simplement, que vous avez en face de vous. "A Story of Yonosuke" est une réelle ode à la vie, matérialisation même de l'optimisme, qui a mon sens est bien plus puissante que n'importe quel anti-dépresseur ou autre solution stérile à la morosité. Un plaisir simple que je vous recommande chaudement, à voir seul pelotonné dans sa couette ou avec des gens qui comptent pour vous, dans tous les cas ça fait un bien fou, c'est promis !