I’m just an ambulance driver, an emotional sponge.

Syndrome classique d'un film mineur réalisé par un grand cinéaste : quelques idées brillantes, mais un résultat brouillon.


Le film expose une facette cachée de notre société : les services de nuit des urgences new-yorkaises. L’hôpital est en constante ébullition, sur le point d’exploser à chaque nouveau patient. Dehors, la nuit new-yorkaise, tumultueuse, crasseuse et sombre. Les ambulanciers font le lien entre la rue et l’hôpital, chaque appel les amenant vers des recoins toujours plus sordides de New York.


Pour ces ambulanciers, leur métier s’exerce au prix de sacrifices physiques (fatigue, stress, etc.), et Paul Schrader s’interroge sur leur motivation à continuer, à s’accrocher. L’un se prend pour Dieu, un autre tabasse des SDF, tandis que le personnage principal, incarné par Nicolas Cage, voit le fait de sauver des vies comme une drogue, ou plutôt une addiction vitale. Les yeux fatigués mais totalement fous de Nicolas Cage traversent la ville au rythme des sirènes rouges.


Le film aborde tous les aspects de la vie d’un ambulancier : des interventions les plus banales aux plus extrêmes (la scène des jumeaux), en passant par la fatigue, la lassitude, la monotonie et les hallucinations. Le point fort du film est de montrer le quotidien du personnage de Nicolas Cage, grâce à un montage frénétique et des idées de mise en scène parfois brillantes (la journée de repos de deux secondes, les plans sur l'ambulance). Le film explore son personnage, en redéfinissant ce que signifie sauver la vie d’autrui, sauver la sienne, ou encore conserver sa foi dans un milieu si dur et hostile. L’écriture de Paul Schrader est sublime : "I used to think my job was about saving lives. But now I know, my job is to bear witness. I’m just an ambulance driver, an emotional sponge." Nicolas Cage incarne un très beau personnage : un héros décharné, fou, pathétique, qui cherche lui aussi à être sauvé.


Malheureusement, le film peine à retranscrire ses bonnes idées. La photographie est parfois dégueu, et le montage rend l’action difficile à suivre. Le film tente de mêler plusieurs genres (drame, comédie, thriller), mais l’ensemble est mal orchestré, on peine à suivre, tous comme les acteurs qui semblent parfois jouer dans des registres complètement différents, Le film trébuche en voulant être parfois subtil et parfois grossier. Les moments plus émotionnels en pâtissent : la relation entre Nicolas Cage et Patricia Arquette est assez oubliable. Tout un passage sur l'euthanasie semble assez malvenu.


(6.5)

tobeornotobe
6
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le 20 nov. 2024

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tobeornotobe

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