Anecdotique et raté pour les uns, cruellement sous-estimé pour les autres A Tombeau Ouvert demeure à mon sens un Scorsese mineur dans la filmographie du réalisateur de Taxi Driver. A partir d'un scénario de Paul Schrader reprenant beaucoup de la substance et des thématiques de la Palme d'Or 1976 ( un personnage principal désaxé et torturé, une atmosphère nocturne dépeignant un New-York en proie à la crasse et à la criminalité, une longue et insidieuse descente aux enfers morale, une activité professionnelle laissant peu de place au répit, etc...) A Tombeau Ouvert est un film tout de même assez décevant, non dénué de qualités artistiques mais bien trop outrancier pour convaincre véritablement.
Si Nicolas Cage livre une prestation remarquable d'ambulancier hébété jusqu'au drame inéluctable et si la photographie de Robert Richardson s'avère pleinement élaborée ( néons lumineux saturés, ambiance glauque évoquant le bitume humide des rues de Taxi Driver...) l'aspect grotesque et répétitif du film plombe énormément l'ensemble. On sent bien l'intention de Martin Scorsese de transmettre l'idée de voyage halluciné, de cauchemar vécu par le protagoniste au travers de mouvements de caméra survitaminés et d'une interprétation de Cage assez flamboyante... Hélas ce long métrage souffre réellement de la comparaison avec Taxi Driver, dont l'agencement témoignait davantage d'homogénéité et de maîtrise. Dans le cas de ce A Tombeau Ouvert tout semble assez brouillon, ou du moins inefficace sur la longueur.
L'aspect un tantinet suranné de l'esthétique, la présence étrange de John Goodman au générique et le côté routinier du travail représenté confère un sentiment rébarbatif qui empêche de s'installer totalement dans cette atmosphère certes ambitieuse mais aussi très lourde et appuyée. Je reste mitigé.