Mise en abyme d'une Chine souffrante depuis la mondialisation

Quatre récits. Trois hommes et une femme cabossés par la marche du monde de leur pays, la Chine. Le premier est un "Serpico" en puissance qui veut se battre contre la corruption dans sa ville. Ne trouvant aucun écho à sa quête idéaliste de vertu, il prendra les armes pour exterminer les ordures comme il dit . Le deuxième homme s'ennuie dans sa province et a choisit la fuite pour faire croire à sa famille qu'il ramène de l'argent pour la faire vivre. Ce qu'il ne dit pas est qu'il dépouille parfois des riches pour satisfaire aussi son penchant pour les armes à feu à moins que le sort l'exhorte à se défendre de prédateurs occasionnels. La troisième a un amant qu'elle a peut être perdu dans un accident de train, va être démasquer comme sa maîtresse et se retrouver face à des salauds qui veulent la violer comme ils ont de l'argent et donc un semblant de pouvoir sur elle. L'arme blanche sera sa façon de s'opposer à l'un d'entre eux qui déchaîne sa violence sur elle.et devenir une criminelle. Le quatrième est un jeune garçon qui travaille dans une usine et va causer l'accident du travail de l'un de ses collègues sur une machine. Refusant l'effroyable solution proposée par son contremaître, il fuit dans une autre ville pour recommencer de zéro mais son passé finira par le rattraper.
Quatre portraits qui font froid dans le dos car la Chine y est montrée encore plus déclinante dans ses relations humaines vouée aux rapports de force ou à la prédation, son rapport au monde du travail amoral aliénant ses employés et les dégradant encore plus injustement à la moindre défaillance. Le réalisateur touche son but en montrant ses protagonistes comme de pauvres pions d'un système qui n'ont plus que la violence comme ultime recours pour être entendus ou bafoués. Zhang Ke, en adoptant une tonalité volontaire sous formol pour filmer ces scènes désolantes d'inhumanité et de régression humaine temporise avec l'expression exacerbée des refoulements les plus profonds des victimes de ces histoires terribles. Dans ce sens, il permet au spectateur de comprendre les motivations des quatre personnages étouffés par la souffrance de leur pays depuis la mondialisation où l'argent roi a anéanti les réflexes humains les plus élémentaires et monte les individus les uns contre les autres.
En tous cas, un cinéma réaliste et social dans A Touch of Sin qui fait écho énormément à celui de Ken Loach ou des frères Dardenne. Sa grande force étant de ne pas condamner, de faire comprendre et d'avoir un sens critique sur la brutalité du monde. Une grande réussite dans son exposition et ses intentions.

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le 18 mai 2016

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