Un ciel livide où germe l'ouragan.
Le visage de Lillian Gish. Diaphane, évanescent. On l'approche à peine, il ne se donne jamais. Un sourire y éclate, fragile, et disparaît.
Griffith nous l'annonce en préambule, A travers l'orage est un film pour les femmes. Et pour Lillian Gish. Trompée, aimée, condamnée, finalement radieuse et pardonnée. Dans la cour d'une ferme, sa frêle silhouette se tient immobile. Son chignon, un peu vague, un peu défait, rien de trop, nous dit tout de sa journée. Le travail domestique, pénible mais fortifiant, une famille aimante, la campagne en fleur, la joie d'exister.
J'aurais voulu pleurer un peu plus que je ne l'ai fait. Tant pis. Quelques larmes, certes, mais vite séchées. Et oui, parce qu'en plus, A travers l'orage, ça fait rire! Comme dirait l'autre, un temps pour chaque chose.
Un film qui ne se passe "nulle part". L'affiche m'égarait en Arctique. Et durant la plus grande partie du film, une question me taraudait. Mais quand vont-ils enfin prendre le bateau? Nul besoin. Au cinéma, l'hiver est plus redoutable en Nouvelle-Angleterre qu'au Groënland. Lillian Gish erre, perdue dans la neige. Elles s'effondre, ses cheveux baignent dans l'eau glacé,elle dérive sur la banquise... Magnifique...
Et l'on comprend d'ailleurs où Walt Disney puise son inspiration quand il nous dessine Blanche-Neige. Le petit malin avait potassé son Orage. Blanche-Neige au puits, Blanche-Neige et la colombe, Blanche-Neige effrayée, en fuite dans la forêt. Merci qui ?
Merci, merci Gish,
Et merci, merci Griffith.