Une jeune femme sort d'un asile psychiatrique, et pour lui changer les idées, son père, son frère et son mari décident de lui faire passer quelques jours de vacances sur une ile. Mais les quelques moments de rémission ne peuvent plus tellement cacher la folie qui semble peu à peu la consumer.
A travers un dispositif très simple (il n'y a que quatre personnages, dont Harriet Andersson dans le rôle de la malade), Ingmar Bergman interroge une famille dysfonctionnelle à travers cette femme, et tous portent en eux leur croix, celle du passé. En particulier le père joué par Gunnar Björnstrand, un homme qui n'a jamais su s'occuper de ses enfants, toujours importuné par le travail. Il en résulte quelque chose de minimaliste, mais dont je vois ce qu'il y a d'impressionnant. La lumière de Sven Nykvist qui pousse fortement vers les tons sombres, le jeu des acteurs, en particulier Harriet Andersson qui est glaçante tant on sent que quand elle crie, cela sort de ses tripes, et que peu à peu, toute forme d'inhibition semble la quitter, à l'image d'un plan qui flirte avec l'inceste. Il y a aussi son mari joué par Max Von Sydow et le petit frère incarné par Lars Passgård, une sorte de témoin invisible du drame qui se dessine peu à peu dans cette île de Farö. Qui va être une révélation pour Bergman, au point de vouloir y vivre le reste de sa vie.
On sent qu'A travers le miroir est personnel pour le réalisateur, une large place est accordée à la religion, mais j'y vois surtout un drame d'une grande noirceur, et qui n'a pas volé son Oscar l'année suivante. C'est comme une plongée dans les abysses...