Le cas de Karin, comme le dit Ingmar Bergman, est un cas de schizophrénie religieuse. Dans cet ensemble symbolique qui s'interroge sue l'existence de Dieu et sur ses manifestations, la psychose de la jeune femme signifie certainement son doute. D'ailleurs, les quatre personnages regroupés dans ce huis-clos insulaire semblent incarner autant de postures ou de modes spirituels, intellectuels ou moraux relativement à l'existence ou non de Dieu (le scientifique non-croyant, l'écrivain assujetti, le pense-t-il, à son seul travail intellectuel).
En réalité, le film est nettement plus complexe que ce schématisme. Le propos de Berman est même par moments franchement obscur. L'austérité du sujet rejoint celle de la mise en scène, ombrageuse et hiératique, agaçante souvent par l'épure et les poses auxquelles elle soumet les interprètes, ou par cette volonté d'être constamment dans la métaphore subtile. Je balance entre l'impression d'une oeuvre artistique et d'une forme d'élitisme pompeux, indépendamment de l'intelligence du cinéaste.