Incontestablement, René Clément a su donner de la rigueur à ce drame sentimental classique, à cet adultère d'un jour entre une bourgeoise lassée et un séducteur cynique. Il est vrai également que le récit manque de relief, soit qu'il manque de péripéties, soit que Clément ne va pas assez loin dans le romantisme, c'est-à-dire jusqu'à une forme de poésie. Seul le dénouement,
avec la séparation des deux amants au terme d'une journée d'hésitations et d'incertitude,
produit un joli et triste instant d'émotion.
Pourtant, sur le mode d'une vibrante sincérité qui caractérise sa belle interprétation -et qui constitue le principal intérêt du film- Michèle Morgan compose un personnage souvent touchant, tour à tour romanesque et réaliste, l'épouse conventionnelle irrésolue; l'aventure ou la respectabilité. Michèle Morgan restitue avec beaucoup de vérité le compromis d'Evelyne avec la peur, la culpabilité et le désir.
Dépassant par instants le conformisme timoré de son époque, René Clément fait preuve d'une réelle modernité psychologique. Mais, comme dit plus haut, le metteur en scène ne réussit pas à transcender totalement les aspects communs de l'intrigue et de la littérature qu'il adapte.