Après R et Hijacking, place au nouveau film de Tobias Lindholm avec à nouveau Pilou Asbæk dans le rôle principal. Chacun de ses films aborde un sujet difficile : la prison puis une prise d'otage par des pirates somaliens. Cette fois-ci, il porte un nouveau regard sur la guerre en Afghanistan et ses conséquences.
Comme à son habitude, Tobias Lindholm filme caméra à l'épaule conférant un style documentaire à son long-métrage. Il nous plonge au sein d'un camp danois proche d'un village afghan. Ils sont là pour sécuriser cette province où sévissent les talibans. Une mission difficile dans un pays dont ils ne maîtrisent pas la culture. Ils avancent avec la peur au ventre où chaque individu est un ennemi potentiel. Le décès de l'un deux va semer la discorde dans les rangs et mettre à mal le psychisme d'un des leurs. La situation devient explosive et le commandant Claus Michael Pedersen (Pilou Asbaek) décide de prendre part aux différentes sorties pour calmer ses hommes. Une décision qui va avoir de lourdes conséquences lors d'un échange de tirs avec l'ennemi invisible.
Le film se scinde en deux parties. La première alterne le quotidien d'un homme (Pilou Asbaek) en Afghanistan et d'une femme (Tuva Novotny) au Danemark devant s'occuper seule de leurs trois enfants. Ils ont chacun la responsabilité de ceux qui les entourent. La seconde et celle du retour au pays et du procès. On passe d'un combat à un autre, avec à chaque fois le commandant en première ligne.
C'est d'abord l'ennui qui prédomine au début. Elle est en adéquation avec le quotidien de ses soldats ne comprenant pas vraiment en quoi leur présence est primordiale en ce lieu. Les divers drames qui vont se jouer redonne de l'intérêt à l'histoire. Le commandant protège ses soldats, qu'il considère comme sa famille. Un afghan vivant dans le village protège ses enfants et demande de l'aide à ceux qui sont censés être là pour les protéger. Même si le film ne prend pas parti, tout en évitant de sublimer la guerre. On ne peut s'empêcher de se faire son avis sur les événements. Le réalisateur et scénariste Tobias Lindholm nous impose rien, sauf de nous montrer les horreurs de la guerre. On a déjà vu cela, mais c'est toujours intéressant de le voir selon plusieurs points de vue. Mais on en vient toujours au même constat : la frontière entre le bien et mal est toujours aussi fragile.
La lenteur du film, tout comme sa sécheresse narrative rend la séance difficile. D'un côté, on évite les ressorts dramatiques habituels, tout comme la sublimation de la violence et donc de la guerre. D'un autre, on est un peu rebuté par la distance qu'elle instaure avec les différents personnages. On passe de l'ennui, avant que la tension dramatique réveille notre attention, puis on replonge à nouveau dans un état végétatif. C'est un peu les montagnes russes, mais sans le grand frisson. On regrettera que le procès soit aussi bref. C'est un peu le même reproche que pour Hijacking, avec cette tendance à céder à la facilité dans sa seconde partie. L'exigence du début se perd dans la froideur de la cour.
Les œuvres de Tobias Lindholm sont de moins en moins réussies. R était une claque, alors que Hijacking perdait de sa force narrative au fil du récit. A War alterne le bon et le moins bon, mais on trouve toujours matière à réflexion en sortant de la séance.