Si catastrophique ?

Bon, c'est un fait, Abominable souffre de défauts vraiment... Abominables (t'as capté ?) qui risquent de lui faire perdre toute crédibilité aux yeux du spectateur non averti. Mais, comme disait l'autre, "et si la vérité était ailleurs ?"
En terme de mise en scène, y'a vraiment des idées très stupides. Au-delà de sa créature qui a beau être moche, fait quand même le taff (on aura vu nettement pire), notre ami Ryan ne semble parfois pas déborder d'idées originales et surtout, qui fonctionnent ; nous avons des scènes qui frôlent le ridicule tant elles sont mal filmées, ou tout simplement, très peu naturelles.
Mais à côté de ces défauts abyssaux sur lesquels je ne vais pas m'étendre, il y a quand même de quoi se réjouir avec cette série B/Z somme toute honnête : un casting cinq étoiles pour une production de ce genre (Matt McCoy, Dee Wallace, Jeffrey Combs, Lance Henriksen... Alors certes, ce sont tous des habitués aux séries B/Z un peu nulles, mais les voir tous en même temps dans le même film, pour un amateur de cinéma d'horreur, c'est jouissif), des effets gores parfois franchement surprenants (mention spéciale à l'infirmier qui se fait bouffer la moitié du visage, vraiment fun et bien fait pour le coup), et surtout, une très belle métaphore, que je m'en vais expliquer de ce pas ;
Notre héros est en chaise roulante à cause d'un accident durant une séance d'alpinisme, qui aura causé la mort de sa femme et la paralysie de la moitié inférieure de son corps, avec tout ce que cela sous entend. Il est donc coincé sur sa chaise, à devoir supporter un infirmier abruti qui s'occupe de lui. Soudain, alors qu'il profite de vacances dans un chalet au fond de bois enneigés, un groupe de jeunes femmes plutôt attirantes débarque dans le chalet d'en face. Notre héros va s'amuser à les observer avec ses jumelles, et les verra se faire massacrer une par une par un Bigfoot/Yéti affamé et assoiffé de sang !
Il me semble évident que cette créature représente le désir sexuel sauvage et irrépressible que ressent notre éclopé du jour, coincé qu'il est dans cette chaise et incapable d'exercer la moindre pratique sexuelle. Sinon, à quoi servirait ces séquences où on le suit observer cette jeune femme qui prend sa douche durant de très longues minutes (à part pour inciter le spectateur à continuer son visionnage), tout ça pour finir par la voir se faire capturer de façon horrible par le monstre qui débarque dans la salle de bain ? Et ce genre d'exemples se poursuit durant tout le film. Oui, le monstre est ici la personnification du désir sexuel incontrôlable de notre personnage, incapable de l'assouvir à cause de sa condition, et c'est pour ça qu'il est le protagoniste principal de cette histoire, alors qu'on aurait très bien pu suivre le film directement du point de vue des jeunes filles, ce que font en général les productions inintéressantes et sans originalité de ce type.
Et Abominable a encore deux trois bonnes idées de ce type en réserve. Dommage que la forme soit si souvent gâchée, avec ce rythme bâtard qui nous inonde de séquences interminables de dialogues peu inspirés, même si certains servent le propos que je viens de développer. Le film aurait probablement gagné à être raccourci de dix minutes, voire d'un quart d'heure.
Bref, pas un grand film, certes, mais nous sommes finalement loin de la catastrophe que certains décrivent, et Abominable a réellement tenté deux trois choses, ce qui permet de tout de même l'apprécier. A ma façon.

Azz