Pleine face

Ce film , de ce que j'en ai brièvement lu inspiré d'un fait divers, et plus largement d'un phénomène sociétal bien réel en Corée, est impitoyable. Mêlant le drame et thriller, sa construction m'a beaucoup plu, car elle sert l'intégralité du propos, de sa partie la plus intimiste à la plus globale.

Au niveau dramatique, une légère pointe de frustration (rien de rédhibitoire non plus) car j'ai trouvé que le traitement assez pudique et subtil des évènements se déroulant sous nos yeux nous permettait de nous investir encore plus et de ressentir nos émotions à la fois grâce à l'histoire et aux réflexions qu'elle nous imposait. Cependant, plus l'on approche de la fin et plus il prend une tournure un peu plus rentre dedans à ce niveau, même si bien évidemment ce n'est pas non plus outrancier, mais j'aurais aimé qu'il garde son sens de la mesure tout du long.

Certains passages m'ont vraiment touché. Pas forcément, me semble-t-il, les plus frontaux, mais ceux qui illustraient le plus l'aspect qui m'a le plus travaillé durant tout le film, à savoir le gros mur implacable et foudroyant que les jeunes se prennent dans la gueule à cette période de leur vie. Et ce sont tous ces instants illustrant ce qu'ils étaient et ce qu'ils sont devenus en si peu de temps qui m'ont attrapé, que ce soit une scène de danse, insouciante et passionnée, ou un plan d'un personnage, de loin, semblant avoir pris des années dans la gueule.

C'est pour moi ce qui ressort de plus triste du film, cette société adulte qui vient bouffer d'un coup d'un seul tous ces gamins sans chercher autre chose qu'à les sucer jusqu'à la moelle pour son propre bénéfice. Et ce même si elle doit les recracher en bouillie à moitié digérée du jour au lendemain.