L'histoire préfère les légendes aux hommes, elle préfère la noblesse à la brutalité, les discours enflammés aux actes silencieux. L'histoire se souvient de la bataille, mais elle oublie le sang répandu. Ce que l'histoire retiendra de moi, pour peu qu'elle retienne quelque chose, ne sera qu'une partie, une infime partie de la vérité.
Abraham Lincoln Vampire Hunter est ce que l'on pourrait appeler un thriller fantastique historique, réalisé par Timour Bekmambetov à qui l'on doit une filmographie plutôt inégale avec des oeuvres comme Wanted, Night Watch, Day Watch... Inspiré librement du roman de Seth Grahame Smith auteur du scénario du film et du roman. Vu sa bande-annonce et son titre on pouvait s'attendre au pire, pourtant il est surprenant de constater qu'Abraham Lincoln: Chasseur de vampires n'est pas la médiocrité qu'il paraissait être. Le récit est une frontière entre l'astucieux et la stupidité, les deux se jonchent sans jamais que l'un prenne le pat sur l'autre, c'est finalement ce qui sauve le film, même si cela vole jamais haut.
Ce film est une transition pour le moins déchaînée du 16e président américain, démontré comme une véritable figure super-héroïque made in Van Hellsing, combattant les forces du mal représentées par une force machiavélique appartenant au pouvoir politique des Sudistes. Au centre de ce spectacle assez absurde, se cache une partie historique prometteuse sur le sujet des combattants abolitionnistes, et de la traite négrière rendant les esclaves aux stades de simples viandes à vampires appartenant à la caste des riches blancs du Sud.
Toutefois, je rejette amèrement l'explication comme quoi ce sont les vampires qui ont éradiqué les Indiens. Une façon éhontée de la part des Américains de ne pas assumer leur tord en rejetant le massacre de milliers d'être humain à travers une force obscure.
Le récit est scindé en deux aventures, une fantaisiste et horrifique sur le chasseur de vampires, et l'autre tirée de l'histoire vraie de celui qui deviendra le président des États-Unis d'Amérique. Une fusion de deux univers totalement inadéquats mais originaux, qui amène une amplification à la bravoure instaurée. Les véritables idéaux d'Abraham Lincoln, ainsi que son implication dans la lutte contre l'esclavage avec la guerre de Sécession sont bien amenés, retentissant à travers de véritables événements, mais bien entendu transformer dans un cadre plus abracadabrantesque pour devenir quelque chose de plus exagérés et héroïques. Il ne faut clairement pas s'attendre à une leçon d'histoire avec ce long-métrage, cependant on y trouve quelques éléments historiques traitants toutes ces questions avec un sérieux étonnant.
Présenter 40 ans de la vie de Lincoln dans un film de 1h40 n'est pas chose aisé, cela a pour effet d'avoir un récit rythmé qui ne ne traîne jamais, cela va vite, bien trop vite. Tant de facilités scénaristiques, qui en font un scénario relativement inégal et trop épisodique. L'entrainement de Lincoln pour devenir chasseur se résume en 3 semaines top chrono, faisant de lui un méga tueur juste durant ce court laps de temps. Avec une démago rocambolesque et bidon, on explique sa puissance en trois coup de hache dans un arbre. Une force surhumaine caché en Abraham surgit tout à coup explosant le tronc. L'explication d'une telle puissance est très simple, il ne faut pas se cacher de la vérité, et alors notre force se révèle à nous-mêmes (mouai repasse l'originalité, là c'est clairement vite balayé d'un revers de la main et on passe au suivant). C'est ainsi qu'on se retrouve avec un président tueur de vampire. Jusque-là, l'idée ne me déplaît pas, apportant son lot de surprises, c'est dans le traitement de l'histoire que le bât blesse.
Abraham Lincoln Vampire Hunter présente un concept inégal, étant assez bordélique dans sa présentation. Il reste néamoins le seul film de vampire à proposer une telle histoire, certes ce n'est pas un gage de qualité, mais cela a au moins le mérite d'être original.
Les actions sont souvent absurdes, cependant entraînantes faut bien l'avouer. La séquence de l'affrontement dans la plaine parmi tous les chevaux est complètement what the fuck et trippant. Voir le vampire Jack Barts balancer des chevaux dans les airs pour atteindre Lincoln est dingue. Les affrontements à la hache sont excellents, offrant de par l'originalité de l'arme employée des scènes bien explosives. Le voir tournoyer dans tous les sens son arme, et pourfendre les têtes avec barbarie est vraiment cool.
Début Spoiler
Une séquence particulièrement bien élaborée (à un certain degré), provient de la scène du train lorsque le pont s'embrase, le point culminant de l'affrontement final. Un plan final mettant fin à la relation entre Lincoln (le héros) et Adam (l'antagoniste principal) particulièrement radical et brutal, d'une rapidité étonnante vu qu'il se règle en un seul coup de poing. Une approche que j'aime beaucoup faisant référence au film de samouraï et de western, où l'affrontement se règle en général en un seul coup. Toute l'intensité du duel passe par la dualité entre les deux personnages que tout oppose. Toutefois, un petit hic pointe le bout du nez avec le débat final avant la confrontation entre les deux, c'est mal exploité. Après tout ce drame entre Abraham et Adam, après qu'Adam ait ordonné la mort du fils de Lincoln, après qu'ils se soient affrontés durant tant d'années et pourchassés à travers tout le pays, jusque dans le train, on met un terme abrupt à leurs dualités par une narration vraiment molle du genou.
- Monsieur le président ! Tu ne peux plus m'échapper Lincoln. Ou est-il ? Où est l'argent ?
- Le voilà !
Et bim le duel se termine sur cela. C'est vraiment dommage, des dialogues vraiment moyen.
Fin Spoiler
La technicité n'est clairement pas le point fort du réalisateur Timour Bekmambetov, dont le goût pour les effets numériques à moitié finis sont force de proposition. Le filtre de couleur marron orangé souvent proposé est vraiment de mauvais goût, et facilite clairement par la netteté généralement floue de l'image qui offre un contraste assez dégueulasse par endroits. Heureusement, les musiques du film s'en sortent bien mieux, composée par Harry Jackman qui sans faire de l'extra ordinaire livre quelques titres sympathique et cool. Une des meilleures piste du film est la parfaite synchronisation entre la musique et le moteur du train en furie avec les combats qui suivent, de jolis remix.
Benjamin Walker sous les traits d'Abraham Lincoln est un personnage courageux, téméraire, honnête et un peu bougon, qui trouve son authenticité de par son statut de président. L’arme de prédilection de Lincoln est une hache à lame argentée, qu’il apprend à faire tourner dans tous les sens pour mieux faire exploser en un seul coup des arbres et au passage des têtes. Une hache qui a vraiment de la gueule, capable de se transformer en fusil. Son costume noir taciturne avec son haut chapeau forme sa combinaison de super héros. Je ne trouve pas la performance du comédien plus transcendante que cela, il est même assez inégal, mais offre quelques bon moments.
Adam l'antagoniste principal incarné par Rufus Sewell, semble être la quintessence des vampires avec sa soeur Vadoma. Il représente le vampire élégant millénaire qui a tout vu, à la fois très intelligent et fort. Il est malin, perfide et aime traiter les problèmes d'homme à homme. Il fait avant tout appel à son pragmatisme avant d'en venir à la force, mais il est tout autant cruel que violent. Il est assez comique de le voir représenter les Sudistes refusant de ne plus avoir d'esclave noir. Je trouve les vampires relativement mal fait, leurs bouches étant principalement en CGI. Un point d'originalité dont je ne suis pas particulièrement fan avec ses créatures de la nuit, les suceurs de sang ne peuvent pas s'entre-tuer sinon ils sont bloqués par une force divine invisible.
Le comédien Anthony Mackie incarne William J. meilleur amie d'Abraham, son rôle est autant intéressant qu'oubliable, il en va de même pour les acteurs Dominic Cooper (Henry Sturgess), Mary Elizabeth (Mary Todd) et Érin Wasson (Vadoma). Je retiens en particulier Marton Csokas alias Jack Barts vampire assez pervers et sadique qui amène un peu de boost au long métrage. Petite appréciation positive pour le comédien Jimmi Simpson pour Joshua Speed le patron de supérette.
CONCLUSION :
Abraham Lincoln Vampire Hunter est une oeuvre surprenante réalisée par Timour Bekmambetov, qui offre un film déséquilibré constamment contre balancé entre point négatif et positif. L'idée de base est sympathique, l'histoire réussit tant bien que mal à rendre le tout un minimum cohérent, même si l'effet épisodique est un peu trop à déplorer. Un film à voir une fois comme ça, qui ne marquera clairement pas son temps. Ce n'est pas les divers CGI loupé, ainsi que ce filtre de couleur flouté et rassis qui arrange le tout. Heureusement le tout est suffisament distrayant pour s'amuser. Une oeuvre à mettre au même rang qu'I. Frankenstein, Resident Evil...
Un pop-corn bridé faisant le minimum syndical, devant lequel ont peu tout de même passé un agréable moment.