Les envolées de la lourdeur
Définitivement, Ace Ventura peut se targuer d’appartenir aux comédies bancales, ne serait-ce qu’économiquement parlant. En effet, vu la redondance des allusions sexuelles, on doute que les enfants sont la cible recherchée, mais les adultes seront probablement complètement rebuté par le jeu monstrueusement grimaçant de Jim Carrey. On doit donc tenir là une comédie pour ados, vulgaire à dessein et régulièrement extra lourde avec des gags parfois atterrants (la parodie de Mission Impossible où Jim Carrey longe une barrière). Il serait facile de crier au navet et de passer son chemin. Pourtant, quelque chose de phénoménal opère dans le film. La folie furieuse qui semble s’être emparée de Jim Carrey se communique au spectateur, qui voit peu à peu les couches de son subconscient voler en éclat, jusqu’à ce que les zones régressives soient atteintes. Et là, le charme naveteux du projet irradie de ses plus beaux rayons nos mirettes ébahies. Impossible de nier que la comédie est lourde, sans histoire, aux gags douteux et vraiment pas fins. Mais impossible de nier que la persistance du jeu de Jim dans les plus basses sphères du comique fonctionne, tenant presque de l’hypnose, et arrivant à nous arracher de fréquents éclats de rire avec des gags de merde. Des gags pourris, mais qui sont drôles. Je ne pensais vraiment pas que cet effet se répercuterait encore, mais c’est le cas. Il faut dire que la VF bénéficie d’un certain soin, retranscrivant à la virgule près l’hystérie collective qui imprègne le film dans toute sa longueur et qui va sans cesse repousser plus loin les limites de la bêtise (on notera que Ace Ventura ne respecte jamais les stars connues qui se retrouvent dans ce film). Furieusement débile et s’assumant comme tel, Ace Ventura premier du nom est un petit régal, un pur navet attachant dans son abrutissement totale et sa persistance dans l’humour régressif. Insoupçonnable quand on voit une jaquette pareille !