Conforté par le succès commercial du premier volet, Morgan Creek Productions ne tarda pas à mettre en chantier une suite aux aventures d’Ace Ventura : laissant alors les pleins pouvoirs créatifs à Jim Carrey, la réalisation de When Nature Calls tomba entre les mains de Steve Oedekerk, novice de son état mais proche de l’acteur... un gage d’extravagance renouvelée, voire accrue ? La réponse à cette question, après visionnage, tient de l’évidence : oui, oui et encore oui.
Si Pet Detective était aussi absurde que débile, force est de constater que le présent long-métrage repousse toutes les limites, son détective survolté atteignant des sommets d’hyperactivité régressive, infantile et outrancière : une juste continuité reprenant la recette cartoonesque originelle, mais dont le cadre sauvage de l’Afrique semble abroger tout semblant de retenue civilisationnelle. Les grimaces constantes, répliques saugrenues et actes imprévisibles de l’acteur font ainsi rentrer When Nature Calls dans une dimension à double tranchant : celle d’un jusqu’au-boutisme extrémiste et inaltérable, le genre de ceux qui ne manqueront pas de lasser plus d’un spectateur.
Certes, rien de nouveau au soleil pourrions-nous penser, mais le fait est que le film est autrement plus idiot que son prédécesseur, au point de nous interroger quant à la sainte patience des personnages secondaires : comme cela se peut-il ? Pourtant, dans un temps inaugural, le sauvetage raté de ce diable de raton-laveur (comment s’est-il fourré là-bas ?) laissait présupposer d’un rythme plus posé, chose que la retraite « paisible » d’Ace confortait par la suite. Toutefois, fort de sa verve animale, impossible de chasser le naturel sans qu’il ne revienne au triple galop : à ce titre, sitôt les montagnes du Tibet dernière eux (et nous), le récit n’aura de cesse de se démarquer dans l’excès.
Entre humour inlassable, teneur sexuelle assumée et grandiloquence polymorphe, When Nature Calls fait donc pleinement honneur à ses racines singulières. Aussi ridicule soit-elle, la performance de Jim Carrey pourrait également justifier à elle seule de la découverte de ce drôle d’objet cinématographique, lequel fait pourtant mine de se doter d’un semblant de scénario avec son enquête simpliste. Puis, force est de reconnaître que ses innombrables coups de butoir comiques font parfois mouche : toute l’incongruité de la situation et l’énergie infinie de son interprète vedette confinent même au rire franc et débridé, comme s’il nous gagnait à sa cause... le rhinocéros peut en témoigner.
Forcément, les ambitions du film s’en tiennent au divertissement pur jus, évitant de fait de développer son personnage en privilégiant l’instant présent, celui si propice aux exactions les plus folles : là encore, c’est bien le second degré qui doit primer et rien d’autre... tandis qu’Ace Ventura ne sera définitivement pas oublié de sitôt.