Rome connection

L’ADN du cinéma d’Enzo G. Castellari est assurément l’action. Ses westerns qui sacrifient souvent le script à l’énergie annonçaient son goût davantage pour les muscles que pour les sujets à portée philosophique comme certains de ses contemporains. Logiquement, son apport au poliziottesco est marqué par ce rapport à la violence avec cinq réalisations. Cette quatrième intervient un an après Big Racket dont la réputation est plutôt bonne. Notons que le polar chez Enzo G. Castellari est toujours très largement inspiré des grands classiques américains.Le Témoin à abattre, qui dresse le portrait d’un flic qui n’agit que selon ses propres règles, est un clin d’œil à L’Inspecteur Harry ; Un Citoyen se rebelle évoque le vigilante façon Un Justicier dans la ville ; et ce Action immédiate est une variation autour de French connection. Comme dans le chef-d’œuvre de William Friedkin, le point de départ est un trafic tentaculaire et l’histoire d’un flic qui veut régler les choses à sa manière. Action immédiate débute ainsi par quelques images de Rome, Hong-Kong, Amsterdam puis de New-York avant de revenir vers Rome et de nous présenter deux flics : le premier dans les bureaux et le second infiltré dans un réseau qui luttent pour démanteler un cartel.

Pas de fioriture ici : le réalisateur multiplie les séquences pour nous dire que la drogue, c’est mal et que cela provoque de sacrés dégâts. Dommage que le réalisateur perde du temps à moraliser la démarche de son film qui tient ensuite sur ses deux personnages de flics. Le premier qui utilise les voies légales mais qui soutient aussi dans l’ombre le deuxième qui agit en sous-marin. Le résultat est clairement décevant et on ne peut pas dire que la traduction française rende compte de ce qu’on nous propose à l’écran. Toute la première heure oscille entre l’enquête, l’infiltration et la critique des réseaux de trafiquants et, en toute honnêteté, il ne se passe pas grand-chose à l’écran. Il faut, en réalité, attendre la dernière demi-heure pour que le film se mue soudainement en pur film d’action. Fusillades, courses poursuites en bagnoles, en motos et même en avions sont au menu de cette dernière ligne droite qui utilise clairement son récit passe-partout pour nous livrer une enfilade de jolies cascades.

Si Fabio Testi rayonne dans son rôle de flic d’action, David Hemmings, et c’est bien dommage, est sous-utilisé et ne semble pas toujours tout à fait dans son élément. Une meilleure approche psychologique (mais on est chez Castellari !) aurait été la bienvenue et, surtout, un récit mieux conduit et plus élaboré aurait pu rendre l’ensemble plus intéressant. La musique des Goblin, elle-même, alterne joli thème et morceaux expérimentaux redondants, illustration que le projet n’a pas réussi à emballer tous ses protagonistes. En clair, une production qui s’inscrivait dans un genre à bout de souffle qui ne parvenait pas à se renouveler. Le dernier fait d’armes de Castellari avec son acteur fétiche Franco Nero, Cobra, ne réussira pas non plus à renouer avec ses œuvres les plus marquantes dans le genre.