Fade Astra
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le 20 sept. 2019
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Depuis que James Gray a déménagé de New York pour Los Angeles, le cadre de ses films s’est aussi déplacé. A partir de The Lost City Of Z, il a délaissé New York pour explorer les tréfonds de l’Amazonie, aujourd’hui, il nous propose une Odyssée à travers l’espace dans Ad Astra.
Pourtant il n’en oublie pas ses origines et la première séquence semble être une représentation surprenante du 11 septembre 2001. On retrouve des astronautes qui font une sortie extra spatiale de maintenance depuis une base d’observation. L’astronaute Roy McBride, interprété par Brad Pitt, descend une échelle et on se rend compte que cette base spatiale est en fait reliée à la terre par 2 immenses pylônes identiques. Une surcharge venue de Neptune détruit les tours et de nombreux astronautes chutent emportés par l’attraction terrestre. Les plans nous rappel la tristement célèbre photo du « falling man ». Malgré cette idée que le passé revient et que l’homme reproduit toujours les mêmes erreurs, la fin est plus positive car le personnage de Brad Pitt réussira à activer son parachute et survivre.
Bien que le cadre de ses films change, ses sujets restent. On retrouve le thème central de la famille (même à l’autre bout de l’univers) et de l’affiliation avec le père. Souvent dans son cinéma, les nouvelles générations sont condamnées à poursuivre le chemin tracé par leurs ancêtres. Ici, Roy McBride part à la recherche son père Clifford McBride (Tommy Lee Jones), célèbre astronaute, partie explorer les tréfonds de notre système solaire dans une mission sans retour car il semblerait que son vaisseau soit à l’origine des cataclysmes terrestres. Lui qui a toujours eu peur de son père commettra les mêmes erreurs que lui pour le rejoindre. Les origines juives de James Gray se ressentent ans son cinéma. Souvent, la thématique du personnage en exil perpétuel, qui ne se sent nulle part vraiment à la maison. L’immensité de l’espace semble être pour Clifford McBride le parfait exil.
Pour rejoindre Neptune, Roy McBride doit prendre un vol commercial pour la Lune puis un autre vol vers Mars. Sur chacune d’elles, l’homme s’y est établi. Gray imagine la Lune comme une nouvelle conquête de l’Ouest ou lorsqu’on sort de la ville on peut se faire agresser par des pirates. On assiste à une superbe scène de course poursuite en rover lunaire qui rappelle les scènes d’action de Mad Max. Un personnage dira même dans le film : « c’est le Far West ici » Cette idée de faire se rejoindre le western et la science-fiction est très intéressante. En effet, une fois que les frontières américaines devinrent immuables, la nouvelle conquête qu'a entrepris les États-Unis est bien celle spatiale.
La représentation du futur de James Gray semble plutôt crédible, on sent que, comme Stanley Kubrick 50 ans avant, il s’est beaucoup renseigné sur le sujet. On ressent d’ailleurs fortement l’inspiration de 2001 l’Odyssée de l’Espace dans le rythme du film toujours très maîtrisé, mais aussi dans certains plans très similaires. Le robot qui interroge McBride sur son état mental peut aussi rappeler Hal 9000. On peut aussi voir des références à Soleil Vert de Richard Fleischer. Par exemple, la salle d’attente de Mars avec ses murs pleins de projections de nature terrestre qui rappelle la salle d’euthanasie du film de Fleischer. On peut aussi y voir du THX1138 de Georges Lucas dans certains endroits de la base lunaire d’une blancheur aseptisée. Il revisite à son tour le roman de Joseph Conrad : Au Cœur des Ténèbres, cette fois à travers une longue remontée spatiale sur les traces du père.
Le film réussit quasiment tout ce qu’il entreprend, et la quête de Brad Pitt (au sommet de son art) et très touchante. Malgré toute la fin reste un peu frustrante d’autant plus lorsqu’on apprend que Fox et par extension Disney a imposé quelques remaniements à cet endroit.
Créée
le 23 sept. 2019
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