Fade Astra
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New-York, l'Amazonie puis l'espace. James Gray s'aventure de plus en plus loin dans les tréfonds de l'âme et de ses héros torturés. Ad Astra est une perle spatiale du prodige américain qui confirme son statut de réalisateur unique, si proche et pourtant si loin, comme une étoile qui scintille dans cette galaxie sans fin.
Le futur conté par James Gray n'est qu'un prisme de notre présent. Si l'humanité a conquis l'espace c'est au prix de guerres de territoires, de calculs stratégiques froids et cruels. Le voyage spatial est d'un réalisme glaçant, corporate et industriel. Les bases interplanétaire ressemble étrangement à nos quartiers mal famés, sales et sans âme. Le capitalisme a fait sa jonction avec les astres, que cela soit sur Mars ou la Lune on consomme, on s'approprie, on extrait. Il est amusant de constater que dans leur quotidien ces astronautes des temps à venir imagine encore une conquête spatiale épique, digne de l'imagination et du fantasme des grands auteurs de la SF. Un rêve inassouvi qui s'est transformé en une une aberration cosmique.
James Gray est un immense réalisateur. Ad Astra n'a pas le clinique d'un 2001, le spectaculaire d'un Gravity ou la bravoure d'un Interstellar. Ici c'est une mise en scène intimiste, avec cette utilisation du gros plan et d'une lumière douce pour faire ressortir les émotions recherchées: la peur, la colère, la solitude. Brad Pitt est superbe de sentiments refoulés, un astronaute misanthrope qui marche sur les traces de son père pour se découvrir lui-même, un être auto-destructeur à la recherche de sa propre humanité. Sa quête sidérale est linéaire, il doit se rendre d'un point A à un point B, il traverse notre système solaire comme on marche dans la rue, détaché et pragmatique. Les planètes sont belles et stériles, les intérieurs des vaisseaux n'ont jamais étaient aussi anxiogènes et bien filmés, la réflexion se veut lente... Quand surgit une course poursuite lunaire façon Mad Max, la rencontre avec un primate de laboratoire au coeur d'un vaisseau abandonné, la destruction spectaculaire de l'ISS. Voila le génie de James Gray. L'intime et l'époustouflant.
La vraie question. Seul nous sommes dans l'univers? Aller toujours plus loin, essayer de sauver soi-même mais dans quelle but? Tout cela est illusoire. L'amour d'un fils et d'un père qui se retrouvent au limite du monde connu ne peut empêcher l'obstination d'une vie. Pour Tommy Lee Jones qu'importe les faits, il faut croire encore et encore. Cette solitude dérangeante est le propre de chacun mais le fils en a fait son deuil. Il a avoué son affection et son admiration à son père, il veut vivre à nouveau. La fin concoctée par James Gray est un brin dépressive mais elle n'est pas si sombre: la vraie odyssée se trouve sur Terre, auprès des nôtres.
Ad Astra est le premier gros choc de cette rentrée. Sans être le chef-d'oeuvre annoncé, il en reste une aventure spatiale et humaine unique. On aurait aimé avoir des informations complémentaires comme la situation diplomatique et écologique future, une fin un peu moins facile, certaines séquences plus habillées mais on ressort de la salle à la fois inquiet et émerveillé, la voix de Brad qui nous parle encore à l'oreille et l'objectif filtré de Gray dans les yeux. Peut-être sommes nous seuls dans ce vaste monde. Seuls mais entourés.
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Créée
le 18 sept. 2019
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