Fade Astra
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Ad Astra, ou en bon français "vers les étoiles", titre latin qui sonne comme une référence à l'Enéide de Virgile, grand classique de la littérature antique sur le thème du voyage, est un beau film, paisible, haletant, poétique, intelligent et digne des plus grands classiques de la science-fiction qui mêle anticipation et introspection dans la droite ligne d'un Bienvenue à Gattaca. Dans une maestria cinématographique notable, alternant le rythme soutenu d'un Gravity et les longs monologues d'un Brad Pitt en grande forme, James Gray signe un très grand film qui en dit long sur la nature humaine, et qui offre un futur de court terme extrêmement réaliste et cynique, tout fait de guerres pour les ressources et tensions géopolitiques. Roy McBride, fils d'un célèbre astronaute ayant participé à un projet de grande ampleur pour découvrir des civilisations intelligentes dans l'espace, part à la recherche de ce père mégalomane à la dérive vers les anneaux de Neptune. Entre manipulations politiques, accidents magnétiques fréquents, aventures dignes d'un mythe antique à foison, le protagoniste se voit confronté à sa propre histoire et à ses origines. Là est sans doute le génie du film : alors qu'il se vend dangereusement comme un énième film de SF de prise de contact avec des extraterrestres, c'est en réalité une histoire d'amour entre un père et son fils qu'il nous dépeint.
La question des origines est au centre du film. Tandis que le père abandonne toute sa vie sur Terre et même toute l'Humanité pour se focaliser sur les origines de la vie en tentant de rentrer en contact avec une civilisation non-terrestre, son fils est, alors même qu'il suit les traces de son père, en réalité obsédé par ses propres origines et tente de retrouver ce père qu'il aime. Cette lutte contre la solitude de ceux qui s'aventurent loin du foyer de l'espèce humaine trouve son achèvement dans un bilan philosophique, comme celui que l'on trouve dans les fables, par cette prise de conscience selon laquelle le plus important est de s'occuper les uns des autres, parce que, précisément, l'être humain est seul dans l'univers. L'unique manière de lutter contre cette solitude face à laquelle il n'est rien est de faire ce qu'il a toujours fait : être avec les autres chez lui. Ce long et beau voyage, en réalité une quête de sens quasiment initiatique, se termine donc par le retour d'Ulysse à Ithaque. Il faut le dire : c'est à la fois un chef d'oeuvre de la science-fiction actuelle mais aussi une très belle poésie aux références hellénistiques salutaires.
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Créée
le 23 sept. 2019
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