Une fois de plus, Stefano Sollima tue le game du polar réaliste ; qu'un tel réalisateur, réussissant à allier avec autant de brio fond et forme, passe encore ainsi sous le radar me dépasse. J'en viens à regretter qu'un tel film atterrisse sur Netflix (même si d'un autre côté cela m'a permis de le regarder). En même temps, c'est toujours aussi sombre ; ici on peut même dire que c'est ambiance fin du monde avec cet immense incendie qui remplit l'horizon, provoquant une chaleur étouffante et des coupures de courant incessantes.
Dans cette ambiance de fin d'une ère, littéralement de chute d'empire (ce n'est pas pour rien que cela se passe à Rome), un jeune gars se fait manipuler par des policiers, lesquels vont le traquer lorsqu'il les plante pour aller demander de l'aide à de vieux gangsters rangés. Oui, c'est encore une histoire de flics ripoux et aussi de malfrats ; mais pour ces derniers, l'un est aveugle, et les autres ont soit la maladie d'Alzheimer ou le cancer (Toni Servillo et surtout Pierfrancesco Favino - déjà dans A.C.A.B. et Suburra de Sollima - sont d'ailleurs impressionnants, aussi tellement ils sont méconnaissables).
D'où sans doute le titre du film ("doucement", lui donnant aussi des airs d'opéra), non parce qu'il est lent - c'est sûr, il ne faut pas s'attendre à un actioner bas du front -, mais parce qu'il est avant tout question ici de trois samaritains sur la fin, dont l'existence n'a plus vraiment de sens (les institutions sont dorénavant pires qu'eux) mais qui vont quelque part trouver là l'occasion de se racheter, en cherchant à sauver coûte que coûte celui qui, après tout, n'est rien d'autre qu'un enfant pour qui il y a peut-être encore un peu d'espoir.