À la fin du film, j'ai été ému. Étrange conclusion pour un film de gangster qui jouait jusque là sur une partition plus classique. Ainsi l'ouverture au cœur d'une séquence d'infiltration intrigue par les motivations floues des personnages. Au fur et à mesure que le script se déroule et que les évènements dérapent, on sent une tension monter. Le rythme est lent, comme pour épouser celui des trois gangsters en fin de vie. Mais toujours tendu. Puis viennent les moments de rage et les moments badass dans lesquels un personnage auquel on tient affiche toute sa maîtrise face à ses adversaires. Et la stupéfaction face à la violence. La jouissance aussi. Tout dépend sur qui elle s'applique.
Une partition classique disais-je pour un film de genre, un film de gangster en l'occurrence. Aussi ai-je été surpris de me voir ému par une simple scène. Le jeune héros est à la fenêtre d'un commissariat. Il voit arriver une voiture de police, on ne sait pas qui elle conduit. Lorsqu'elle s'arrête on voit en sortir l'épouse du vieux gangster qui a fini par devenir son père de substitution. Elle lève les yeux et son regard croise celui du jeune homme. On sait ce qu'elle a perdu. On sait pourquoi il est là. On sait ce qu'il lui rappelle. Et dans ce regard, on ressent le tragique de cette femme qui a subi les choix de son mari, mais également sa dignité. Et l'on sent surtout l'évolution du héros, qui a choisi d'arrêter de fuir et de faire face.
Finalement, je crois que ce qui rend ce dénouement si émouvant, c'est qu'on réalise que la tragédie à laquelle on a assisté a accouché d'un très bel arc à travers ce héros. Un personnage de petite frappe qui décide au bout du chemin d'accepter son destin plutôt que de le fuir.