"With me, he’ll be doomed. Without me, I’ll never know."

Après avoir tourné sous la caméra de Nabil Ayouch dans Razzia, Maryam Touzani passe à son tour à la réalisation avec Adam.
Ces deux œuvres partagent une approche similaire résidant sur la focalisation d’un cas social pour mieux analyser les maux de la société.
Ici, le périple d’une femme enceinte isolée permet de découvrir les conditions de vie de ces personnes marginalisées par la communauté.


De la nécessité à trouver un travail et un logement en passant par les commérages du voisinage, l’auteure aborde ces problématiques à travers les rapports entretenus avec Samia et Abla.
Ces deux êtres sont, de par leur parcours, antinomique. L’une est une jeune femme, fraîchement arrivée à Casablanca, en quête de stabilité. L’autre est une résidente de la Médina, s’étant renfermée suite au décès de son mari. La fille de cette dernière est un personnage neutre, permettant de créer ou désamorcer les situations au sein du foyer.


Nous observons donc comment ces inconnues se lient et se dévoilent. Nous découvrons leur identité, leur passé et leur traumatisme grâce à leurs interactions. Leurs confrontations permettent de les voir évoluer, les poussent à sortir de leur condition sociale et à cesser de fuir leurs problèmes.


La majorité du film se déroule au sein du domicile d'Abla. En les confinant en un seul lieu, on peut ainsi observer leur comportement respectif sans être parasité par des éléments externes.
La situation politique, ou économique, du pays nous est inconnus. Cette abstraction permet de nous focaliser sur la sphère intime, que composent ces trois femmes, et obtenir ainsi un microcosme. Il en résulte une atmosphère particulière et variable, fortement influencée par les humeurs de chacune.
La mise en scène participe à créer ce climat. La mise en scène est la plus discrète possible pour renforcer le réalisme des instants capturés. La caméra souvent proche des personnages permet de mieux vivre les évènements et ressentir les émotions traversant les protagonistes.


De même, les scènes de vie telles que le repas, le ménage ou les loisirs nous facilitent l'immersion dans cet environnement tout en crédibilisant les personnages. La réalisatrice leur donne ainsi de la profondeur et une sensibilité qui leur est propre.


Ces mécanismes réussissent à nous faire ressentir de l'empathie vis-à-vis du parcours de chacune. Les sentiments éprouvés sont palpables et nous impactent tout autant. De par les caractères des deux femmes, il est impossible d'imaginer le dénouement de ces situations. On se retrouve donc à observer attentivement leurs réactions pour mieux anticiper la suite des événements.


Adam est donc une œuvre simple dans sa forme qui recèle une finesse d’écriture juste et percutante. Chaque instant nous ébranle pendant des instants de tristesse que de joie. On en ressort bouleversé par la trajectoire de ces femmes. Un récit fort qui résonnera auprès de beaucoup grâce aux thématiques abordées.

tzamety
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le 5 févr. 2020

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