Un film qui vous happe dès la première minute, la marque des grands, magnifié il est vrai, par la superbe musique du Trio Joubran, un film court mais dense à la fois, sombre par son thème : une ville qui se meurt, mais traité avec grâce et teinté d'une légère poésie faite de chaleur humaine, de fraternité et d'entraide dans cette cité ouvrière au milieu de nulle part.
C'est là que Francis, Jean-Pierre Bacri, râleur impénitent mais père tendre et bourru, continue d'entretenir avec amour SA machine dans l'usine désaffectée qui le voit revenir quotidiennement, fidèle au poste, démarche désespérée où l'homme n'a de cesse de nier une réalité qui s'impose pourtant jour après jour.
Près de lui, Maria, Dominique Reymond juste et sobre, veille sur un jeune fils quasiment autiste, devenu étranger à lui-même et aux autres, qui mû par un unique espoir, guette désespérément le retour de son père, ce héros qu'il se plaît à imaginer sous les traits de son idole, le beau, le fier Gary Cooper, dont il regarde tous les films avec ferveur, les yeux rivés au petit écran, espérant à tout moment en voir jaillir l'acteur vénéré, prêt à le rejoindre et à le reconnaître.
Un film modeste mais plein de sensibilité dans lequel le jeune réalisateur nous donne l'envie d'entrer et de rester.