En cette période déprimante de reprise d'activité pour les cinémas, où nous lisons chaque jour de nouveaux articles expliquant en long, en large et en travers à quel point c'est compliqué pour les cinémas en ce moment, entre la baisse drastique de la fréquentation et l'absence de films (américains) pour l'été qui s'annonce ; se prendre une petite claque cinématographique de la part d'une comédie française, ça fait le plus grand bien !
Et pourtant, ce n'était pas évident : sur le papier, le sujet du film est tout aussi déprimant que cette période. Nous suivons Suzanne, dit Suze (une Virginie Efira en très grande forme, sans doute l'un des meilleurs rôles de sa carrière), une jeune femme qui aux abords de la quarantaine, apprend qu'elle est atteinte d'une maladie au stade avancé : ses jours sont comptés. Elle se lance alors en quête - une course contre la montre plutôt - de son fils, qu'elle a été contrainte d'abandonner à la naissance, lorsqu'elle était encore jeune ado rebelle au style punk.
Rien qui, en soit, annonce une comédie !
Et pourtant ! Plusieurs choses avaient contribué à créer chez moi une grosse attente. D'abord le Label Cannes 2020, reçu par le film au début de l'été dans la "catégorie" des comédies, ensuite bien évidemment la renommée et la qualité du cinéma de son réalisateur, Albert Dupontel.
Après la comédie dramatique, moins humoristique qu'à l'accoutumé, mais non moins impressionnant Au revoir là haut, Dupontel confirme une nouvelle fois qu'il est l'un des réalisateurs français les plus inventifs et géniaux. Un réalisateur sur lequel on peut compter, qui se bonifie de film en film, un peu comme le bon vin !
Car son film n'est pas dénué d'humour. Pas l'humour gras que l'on appelle traditionnellement "comédie française" et dont le simple fait de feuilleter la liste des films français en tête du box-office ces dernières années dressera aisément une liste plutôt exhaustive ; mais un humour fin, emprunt de noirceur. Pas de grosses vannes pour se taper les cuisses devant Netflix, mais un sens de la qualité, des dialogues, et de l'humour noir. Le film nous captive et nous arrache un franc sourire.
Un OVNI hybride et unique en son genre - un drame comique tendre et touchant-, un film qui fait du bien !
Tous les acteurs sont géniaux. Albert Dupontel campe JB, un vieux geek très doué, directeur de la sécurité informatique, remercié par sa boîte pour laisser la place aux jeunes, et qui a maille avec la police suite à son suicide raté.
Le trio de choc est complété par Mr Blin, un vieux rat de bibliothèque aveugle joué par Nicolas Marié.
Une belle réussite qui nous transporte des larmes au rire à travers une palette très variée de sentiments, notamment grâce à une réalisation qui s'attache au goût du détail et à un magnifique travail sur la lumière, non sans rappeler les thèmes esthétiques proches de Jeunet.
Avec son montage très lisible bien qu'hyper vitaminé, des quiproquos et situations délicieusement absurdes, et une brochette d'acteurs dirigés avec brio, la séance d'Adieu les cons passe en un éclair, on en redemande !