Il faut reconnaître à Albert Dupontel cette aptitude remarquable à susciter la curiosité en l’espace de trois mots, d’un titre, Adieu Les Cons. L’ambition formelle qu’il nourrissait dans Au Revoir Là-Haut laisse ici sa place à un récit plus typique du réalisateur, à mi-chemin entre l’irrévérence et la poésie. On pourrait d’ailleurs voir dans cette trame improbable – une femme gravement malade s’associe à un fonctionnaire en fuite pour retrouver le fils qu’elle a abandonné à la naissance – un nouveau signe de l’audace singulière qui caractérise Dupontel. L’histoire, hélas, ne tarde pas à se perdre dans des invraisemblances répétées qui placent le hasard au cœur de la mécanique du film et peinent à provoquer l’adhésion.
Ces invraisemblances, on n’aurait pas idée de les reprocher au film si elles ne révélaient pas une tendance systématique à grossir le trait, à vouloir faire entrer de force le poétique dans un récit qui peine à trouver du relief. Là où Dupontel instaurait habituellement un récit à peu près conventionnel pour y faire surgir l’imaginaire et le poétique, il semble ce coup-ci avoir renoncé à ce lyrisme subreptice pour faire place à des manœuvres trop faciles pour être efficaces.
On aurait pu imaginer un autre visage à Adieu Les Cons, s’il avait su donner davantage de subtilité au personnage central de Suze Trappet, qui inflige finalement au film ses scènes les plus mièvres et vient nous rappeler que les personnages univoques ébranlent rarement. Quelques traits d’humour viennent parfois rappeler le talent de Dupontel, mais chaque réussite ponctuelle retombe aussitôt, souvent balayée par des dialogues trop écrits, trop manifestes dans leur volonté d’émouvoir. Au cinéma comme ailleurs, la poésie ne se décrète pas, et Albert Dupontel le sait trop bien pour que cet Adieu Les Cons soit autre chose qu’un accident