Je sors d'une séance de Adieu Les Cons. Et j'ai peiné à écrire cette chronique. Soit j'en dirai trop, soit j'en dirai peu, mais de toute façon, je le dirai mal.
Quoi qu'il en soit, cela faisait longtemps que je n'avais pas vu la narration d'une histoire d'amour aussi puissante. Car aucune histoire d'amour n'est plus puissante que quand elle est dialectisée avec la mort.
Sans revenir sur le synopsis, j'ai vu l'histoire de trois solitudes qui se rencontrent dans la mort et donc dans l'amour :
Serge Blin, alias Nicolas Marié, est devenu un fonctionnaire reclus, sans et hors de la vue, aux archives, là où l'on range les gens compétents ;
Suze Trappet, alias Virginie Efira, est victime d'une maladie auto-immune, illustrée par une métaphore médicale policière offerte par le médecin, campé avec poésie par Bouli Lanners, disant au sujet des anti-corps qui se retournent contre l'organisme de la jeune femme :
c'est comme la police quand elle se trompe ça fait des dégâts
ou encore Jean-Baptiste Cuchas, alias Albert Dupontel, qui (selon les dires de Blin) :
à une lettre près donnait cu(l-)ch(i)asse
Trois personnes seules, isolées, tellement délaissées que personne ne sait prononcer correctement leur nom, comble de la non-humanisation !
Dupontel, qu'il écrive et joue ou qu'il joue seulement, c'est l'art de faire du drôle avec du drame, en l'occurrence il pose le masque de la comédie sur Cuchas-Dupontel et celui du drame sur Trappet-Efira.
Autant j'ai ri, autant dans le même temps, et dès la première image, j'ai eu une irrépressible envie de pleurer, saisie que je fus immédiatement par l'émotion qui traversait les personnages.
Beaucoup de la symbolique du film passe pour moi dans cette réponse de Suze, coiffeuse de son état, à Jean-Baptiste :
Je meurs d'un excès de permanente
C'est la rupture de ton qui donne sa puissance à l'histoire et au film de Dupontel.
Je ne reviens pas sur la prestigieuse distribution et les characters parfaitement incarnés ; l'ombre des Monty Pythons plane sur le travail de Dupontel, et pour l'heure, si Terry Gilliam, inséré dans une publicité ironico-cynique "The Hunter Must Always Be The Master", le film est dédié à Terry Jones, qui eut la mauvaise idée de quitter la scène le 21 janvier 2020.
Pour le moment je ne saurais en dire plus tant le film à lui tout seul est un discours symbolique.
J'espère que vous ressentirez la même chose que moi en voyant le film.
Et je vous souhaite une belle séance !
*J'emprunte le titre de ma chronique à Nicolas Marié, alias Serge Blin.