Et la femme créa la femme
Je sors de "sous les jupes des filles", donc de sous les miennes. Qu'ai-je vu ? J'ai vu 11 femmes, filmées comme on a tant filmé les amitiés masculines.
Voilà un film intelligent, profond, aussi profond que ce continent noir qui fait tant peur et que personne ne comprend vraiment.
Dès les premières images, j'ai senti que je n'allais pas voir une comédie hilarante et déjantée. Un saupoudrage sucré-salé ou doux-amer s'exhalait dès les premières images.
De menstruations en ménopause, de questions d'égo en questions existentielles, de l'impératif du Jouir au faut-il-jouir, me voici, telle la lumière blanche (celle de l'indifférencié, du méconnu pour ne pas dire de l'inconnu) traversant un prisme, je me démultiplie et j'entends les différentes parts de moi s'affronter, échanger, s'accorder. Il en résulte deux positions : la première est que je suis libre, libre d'être perturbée et silencieuse, libre d'être insupportable, de le gérer et de changer, libre de ne pas vouloir d'un compagnon à demeure, libre de lui préférer une compagne (et réciproquement, inversement et transversalement), parce que l'amour n'est pas une question d'homosexualité ou d'hétérosexualité dans ce film, libre de refuser ouvertement de vieillir, libre de croire que ma fille aura toujours 8 ans, libre d'être une femme qui refuse la maltraitance et la perversion (avec un clin d'oeil à l'avocat général, Luc Frémiot dans l'affaire Alexandra Lange). La seconde est que ma seule prison est la maladie, la mort, ce cadre qui enferme toute créativité...à moins qu'elle ne redonne du sens aux simplicités oubliées de la vie, moins s'énerver, moins haïr l'autre, être juste heureux d'être vivant(e) et ensemble.
Je me souviens d'une amie me disant "lorsque les femmes s'entendent vraiment, lorsqu'elles ont une belle amitié, elles sont invincibles" Voilà aussi ce que m'a dit ce très joli film.
Bonne séance :)