Malaise générationnel et supposé féminisme contradictoire
Ce film est paradoxal. Première scène légèrement incompréhensible, on ne sait pas trop où la réalisatrice veut nous emmener (fumer sur son lit en mode déprime puis s'enfiler un tampon sous le drap style cradingue, bof bof comme entrée en matière). Effet chorale pour ce film, on ne s'ennuie pas c'est vrai mais c'est à double tranchant car beaucoup de scènes se veulent déjantés mais frisent le ridicule en accumulant les exagérations.
On rit des gaffes du personnage de Sylvie Testud et l'on suit 11 femmes dans leur quête de ... quelle quête déjà ? Dans leur quête de cul. Ben Oui. Le message est un peu réducteur : "regardez les femmes font comme les hommes, elles peuvent être pareilles" .. Moui, on frôle l'indigestion par moment. Pourquoi vouloir systématiquement rapprocher les deux sexes, alors que l'enrichissement vient bel et bien de nos différences? Quelle est cette manie du "Je peux faire comme les hommes si je veux?". Ca se veut féministe mais ça renvoie surtout une image de la femme éternellement insatisfaite et en recherche constante de sexe pour être épanouie. Car il faut le dire, sans être psychorigide, certaines scènes sont plus vulgaires que drôles, malheureusement.
Donc Pourquoi? Alors que le message de base se voulait positif, le film ressemble parfois à une mauvaise comédie de Jean Marie Bigard parsemée des mots "bite dure", "cul", "prends-moi" "baise moi" " j'ai besoin de cul" et j'en passe... C'est vraiment ça une femme ? Montrer qu'on peut fumer, être dégueu comme les mecs (soi-disant), cracher par terre, jouir, tromper, jurer sur la tête de ses enfants, être autre chose qu'une mère et avant tout être une femme? Avait-on besoin de deux heures de scénettes et d'histoire de cul pour en arriver là? Disons que c'est une approche maladroite et exagérée au possible. On rigole quand même, les acteurs sont pour la plupart plutôt bons , le film remplit sa mission de comédie mais ce n'est pas toujours suffisant.
Sans tomber dans les films d'auteurs parfois lourdingues où tout est suggéré et dans lesquels on ne parle pas beaucoup, préférant soupirer pour montrer la souffrance et l'âme torturé des personnages,
un tout petit peu plus de profondeur aurait été la bienvenue.
Alors bien sûr on peut parler de cul, on peut en rire, mais quand c'est bien fait, c'est mieux.
On sent vraiment un malaise générationnel : les femmes ont quelque chose à prouver, elles doivent être décomplexées, ultra ouvertes, professionnelles, multitâches... A vouloir en faire des femmes cool et ultra modernes, on généralise tout et surtout on vulgarise au possible. En voulant sortir du traditionnel homme = fort et protecteur, femme= douce et fragile, le film se casse littéralement la gueule en piochant dans les extrêmes. Et non, tous les hommes ne sont pas infidèles, toutes les femmes ne sont pas des "salopes"et tout le monde ne rêve pas d'une sexualité ultra débridée pour être heureux(se). On ne constate finalement pas de grandes différences concernant les but recherchés par ces 11 femmes, dommage car cela aurait pu ajouter son je ne sais-quoi au film !