Princesse Mononoké
8.4
Princesse Mononoké

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (1997)

Allegorie de la nature et reflet d'une société totalitaire

J'ai vu ce Miyazaki à l'âge de 9 ans... Et j'ai franchement été angoissée pendant des jours! Quelle idée... Quel était donc cet énorme sanglier rempli de vers et à la voix d'outre-tombe qui sortait de la forêt pour tout saccager? Plusieurs années après, je me décide regarder à nouveau ce film étrange, car il m'avait marqué sans que je ne puisse mettre de mots dessus. Et bien oui, ce sanglier représentait la haine , profondément enfouie dans cette bête immense et qui semble diabolique. Encore une fois, je me dis qu'il faut vraiment grandir pour apprécier les Miyazaki à leur juste valeur. Il ne s'agit pas de gentilles morales endormissantes que l'on sert aux enfants avant d'aller au lit. Ashitaka me fait tout de même l'effet du héros sans peur que l'on ne peut qu'apprécier et admirer. Dame Eboshi reste ce dictateur qui veut mener un peuple "pour le plus grand bien" comme tant d'autres l'ont fait dans la réalité jusqu'à maintenant. Orgueilleuse, haineuse et blasée, elle a dans l'idée de protéger son peuple tout en satisfsaisant son égo surdimensionné. San est élevée avec les loup, princesse de la forêt qui défend ce qu'elle connaît depuis l'enfance comme étant son territoire. La valeur des choses est très présente dans cette animation et Miyazaki veut nous confronter à cela et à cette nature qui se meurt au profit de l'être humain, qu ne cesse de la détruire. Les minuscules êtres de la forêt et leurs petits bruits grinçants , la signature de Miyazaki.. Encore une fois, on est plongés tête la première dans la culture nippone qui accorde tant d'importance aux esprits et ce n'est pas sans déplaire... Une certaine magie angoissante se dégage de " Princesse Mononoké", une ambiance qui ne nous quitte pas tout au long du film et nous fait ressentir les affres de la cupidité humaine. On se prend d'affection pour chacun des animaux abritant la forêt jusqu'à en détester les humains sous la coupe de dame Eboshi, humains engoncés dans une pensée totalitaire, persuadés que Dame Eboshi est la sainteté même... Laissons lui au moins le fait qu'elle s'occupe de ce qu'elle appelle " ses" lépreux, mais toujours persuadée d'être indispensable et de n'agir que pour le bien de tous. Enervante cette Dame Eboshi qui n'aura de cesse de vouloir la tête de l'esprit de la forêt malgré les obstacles rencontrés sur son chemin. L'affection mutuelle entre San et Ashitaka est palpable, jamais pathétique, étrange danse de deux êtres pris dans les filets d'un amour réciproque bravant les différences. Le thème principal étant (à mon sens) la haine dans sa globalité, elle est ici extrêmement bien représentée que ce soit dans les personnages (ces immenses sangliers possédés par le démon de la haine), la colère est maîtrisée, perturbante, on a envie d'agir, de faire quelque chose et l'on est en suspens tout au long du film. Les villageois exploitent la forêt sans scrupules persuadés qu'il s'agit là de leur du, les animaux défendent leur territoire coûte que coûte mais aucun des deux "groupe" ne pense à une trêve, chacun reste sur ses positions, le coeur empli de haine et de vengeance. Et cette vengeance là est si difficile à contrôler.. Heureusement Ashitaka est là pour être le médiateur (seul regret que j'ai pas rapport au film, seule une personne tente de sauver cette situation, pris entre deux mondes bien distincts). Les musiques de Joe hisaichi sont, une fois encore terrifiantes de justesse, mélodieuses, apaisantes ou inquiétantes selon les moments du film.. On en ressort plein de bonne volonté, de ce Princesse Mononoké, voulant changer le monde, réfléchissant à l'impact qu'a l'homme sur cette nature sauvage, fragile et forte à la fois, sur les contours et les couleurs qui nous entourent, sur la beauté du monde et la fraternité, l'effet de groupe, de clan qui peut nous emmener dans les extrêmes. Mais une fois encore, plusieurs années après mon premier visionnage, Miyazaki, tu m'as embarqué dans cette plénitude, près du lac silencieux et sacré de l'esprit de la forêt, entre les légers craquements des branchages de ces somptueux arbres verdoyants, au sein même de la nature, dans toute sa splendeur mais malheureusement pas si loin de Dame Eboshi et de ce monde de fou.
Kateriná_Snezan
9

Créée

le 8 nov. 2013

Critique lue 803 fois

21 j'aime

4 commentaires

Critique lue 803 fois

21
4

D'autres avis sur Princesse Mononoké

Princesse Mononoké
Sergent_Pepper
9

La violence et le sacré.

Le monde sur lequel se lève le rideau de l’épopée Princesse Mononoké est malade : si la tribu d’Ashitaka y vit en paix, c’est parce qu’elle a accepté l’exil depuis cinq siècles, et du lointain vient...

le 9 sept. 2016

172 j'aime

25

Princesse Mononoké
DjeeVanCleef
10

Démons et merveilles

En regardant Princesse Mononoké, je ne peux rien dire. Je deviens muet comme une cape. Celle de Superman. Je suis dedans comme un gamin. Et en y réfléchissant, après, puisque pendant je suis...

le 27 déc. 2013

142 j'aime

23

Princesse Mononoké
ÉlanRouge
10

« Le spectacle de la nature est toujours beau » Aristote

J'avais neuf ans la première fois que je l'ai vu, il était mon film préféré. Depuis dix ans ont passé mais rien n'a changé. "Princesse Mononoké" se démarque tout particulièrement des autres films...

le 2 déc. 2012

133 j'aime

9

Du même critique

Le Journal d'Anne Frank
Kateriná_Snezan
7

Journal d'un petit bout de femme en avance sur son temps...

Anne Frank ... J'ai enfin lu ton journal qui a fait couler tant d'encre de part de monde... et je suis réellement émue de terminer ce morceau d'histoire si court et si plein à la fois que fût ta...

le 20 mars 2014

24 j'aime

Princesse Mononoké
Kateriná_Snezan
9

Allegorie de la nature et reflet d'une société totalitaire

J'ai vu ce Miyazaki à l'âge de 9 ans... Et j'ai franchement été angoissée pendant des jours! Quelle idée... Quel était donc cet énorme sanglier rempli de vers et à la voix d'outre-tombe qui sortait...

le 8 nov. 2013

21 j'aime

4

Sous les jupes des filles
Kateriná_Snezan
5

Malaise générationnel et supposé féminisme contradictoire

Ce film est paradoxal. Première scène légèrement incompréhensible, on ne sait pas trop où la réalisatrice veut nous emmener (fumer sur son lit en mode déprime puis s'enfiler un tampon sous le drap...

le 5 juin 2014

20 j'aime

3