Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît. Mais Audiard n'avait pas prévu la société sur-connectée, aseptisée et qui ne pense pas par elle-même. Dupontel nous le dit : maintenant, les cons, ce sont ceux qui n'osent plus rien. Ce monde de fous (zombies ?) est régi par des règles incohérentes : le service des recherches d'identités dont l'employé est condescendant avec cette pauvre dame qui veut retrouver son enfant, les employés eux-mêmes perdus dans leur bâtiment (une petite apparition sympathique du Palmashow), les gens hypnotisés par leur smartphone dans les transports... Et dans ce milieu, deux personnalités qui arrivent à bout de souffle (tant mental que physique) vont tenter l'impossible : finir leur vie dignement, en arrangeant leurs petites affaires et en aidant dans un dernier geste d'amour désintéressé
cet enfant perdu qui n'osait pas faire le premier pas vers son amoureuse
... Aussi beau que tendre, aussi drôle que mordant, le film de Dupontel demande évidemment d'adhérer à son humour de l'absurde (il met la dose, avec son handicapé frappé, excellent Nicolas Marié) et à sa vision de l'autorité (qui ne plaira pas aux agents de police) qui met le doigt là où ça fait mal. Mais Dupontel s'en moque, son film est à l'image de ses deux personnages : il ose tout, et on le suit avec avidité dans ces gags originaux (vraiment, cet handicapé !), dans ces traits d'esprit cyniques dont seul Dupontel a le secret depuis plusieurs films (dans la veine de 9 mois ferme) et dont la critique des cons, des vrais, ne nous a jamais paru aussi juste. Adieu les cons, bonjour les vivants.