Retourner en salles avec un tel film ne peut que vous donner le sourire et avec les yeux humides. Je remarque qu'avec le temps, le côté chien fou d'Albert Dupontel s'est assagi pour laisser place à une forme d'émotion inattendue et qui marche.
L'histoire est celle de Virginie Efira, une coiffeuse gravement malade des poumons, qui veut voir son fils qu'elle a accouché sous X quand elle avait 15 ans. Elle s'adresse pour cela à l'administration qui ne peut guère l'aider, car le cas est trop ancien pour avoir été numérisé. Cependant, elle va être aidée par un informaticien sous burn-out et un archiviste aveugle afin d'accomplir cet ultime souhait.
Il suffit de voir la scène du fusil (avec un cameo de Terry Gilliam) pour se rendre compte qu'on est chez Albert Dupontel, avec cet effet qu'il fait très souvent, à savoir faire une accélération dans le même plan, comme si on suivait une balle. Mais le réalisateur a laissé place à une forme de sagesse qui le rend très émouvant, mais ça ne l'empêche pas d'être critique contre les lenteurs de l'administration (on se croirait dans Les 12 travaux d'Astérix !), voire les violences policières. lors d'un final qui donne ô combien son sens au titre du film.
Quant aux acteurs, ils sont tous formidables, du plus petit (Kyan Khojondi qui essaie de déchiffrer l'écriture d'un médecin) au plus grand, et on ne répètera jamais assez à quel point Virginie Efira est une de nos grandes actrices actuelles, car elle semble capable de tout jouer, de la comédie barge à l'émotion où elle semble pleurer sur commande. Nicolas Marié, qui est l'acteur fétiche du réalisateur, est également génial en jouant cet archiviste aveugle qui travaille dans le noir le plus total et où il semble vivre tel une taupe avec ses tonnes de dossiers aux alentours. Et c'est lui qui a sans conteste les scènes les plus drôles. Quant à Dupontel lui-même, je le trouve peut-être un ton en-dessous, car il est encore et toujours dans un rôle de dépressif (qu'il a même joué chez Danielle Thompson dans Fauteuils d'orchestre), mais dont les dons de hacking vont faire des merveilles ; pour un peu, on dirait un hommage au personnage de Sophie dans L'inspecteur Gadget.
Enfin, il faut dire que c'est c'est sacrément bien réalisé, notamment cet excellent plan où Efira et Marié fuient par des escaliers en colimaçon et la caméra tourne autour d'eux. Mais ce qui ressort de Adieu les cons, c'est sans conteste la mélancolie du personnage féminin, qui veut braver la mort qui l'attend juste pour voir son fils une seule fois.
Un film qui gagne 7 César a de quoi laisser perplexe quand on ne l'a vu. 1h27 plus tard, merci la concision de Dupontel, Au revoir les cons n'a pas volé son plébiscite public et critique. Quel chemin parcouru depuis Bernie...