Il faut du courage pour arriver au bout de cette longue fresque pompeuse à souhait... je vois bien son ambition, et ses réussites esthétiques, mais je suis restée au bord de la rizière, je l'avoue, tant ça couinait et se montrait théâtral en même temps que complaisant. La première partie, sur l'éducation à la dure des aspirants acteurs par un maître sadique ne manque pas d'intérêt et vient consolider ce qu'on savait sur la dureté de l'apprentissage à l'opéra de Pékin (et la hiérarchisation sociale d'airain de la société chinoise), et la fin de l'histoire apporte son lot de rebondissements et de situations dramatiques qui justifient qu'on se soit accroché. Mais entre temps, quel pensum ! Autant dire que je ne suis guère sensible aux postures exagérées et à l'action au ralenti des pièces traditionnelles chinoises; je n'y connais rien et je ne ressors pas de cette histoire déterminée à combler mes lacunes tant résonnent encore dans mes oreilles martyrisées les criailleries de la Concubine. Les amateurs me trouveront certainement outrageusement dure avec les canons millénaires qui me sont passés à des années-lumière au-dessus de la tête et j'accepte de plaider l'ignorance, mais je ne vais pas faire semblant d'admirer un art abscons qui dépasse encore la corrida et le French Cancan en broderies et colifichets tape à l’œil dans le même temps qu'il assène des ululements hermétiques pour le béotien de base, qui ne peut que considérer son écran d'un œil rond épouvanté en attendant que les interminables scènes d'opéra finissent pas lui épargner les nerfs auditifs... Bref, un film auréolé de prestige qui restera une curiosité dans mon programme et me dissuadera de pousser plus avant l'exploration hasardeuse des chefs d’œuvre venus de Chine. Pour l'instant au moins, je me connais... Mais je gage que l'outrance (boursoufflée) qui est la marque de ce triangle amoureux tragique me tiendra à distance encore un moment.

Créée

le 1 août 2021

Critique lue 724 fois

8 j'aime

Critique lue 724 fois

8

D'autres avis sur Adieu ma concubine

Adieu ma concubine
Amrit
7

"Un sourire, viennent dix mille printemps. Une larme, passent dix mille automnes."

Film lyrique, historique, mais aussi un peu glauque à cause de la présentation d'un extrémisme artistique chinois qui semble ne pouvoir éclore que dans la souffrance, l'humiliation et d'autres...

le 4 avr. 2013

15 j'aime

Adieu ma concubine
P-D
7

霸王別姬

Dure. La vie est dure. Alors que je morfondais dans mon fauteuil en suédine bleue durant ce morne lundi après-midi dans un ennui des plus complet, ne profitant même pas de mon jour de congé pour me...

Par

le 15 oct. 2014

12 j'aime

Adieu ma concubine
ChristineDeschamps
5

Critique de Adieu ma concubine par Christine Deschamps

Il faut du courage pour arriver au bout de cette longue fresque pompeuse à souhait... je vois bien son ambition, et ses réussites esthétiques, mais je suis restée au bord de la rizière, je l'avoue,...

le 1 août 2021

8 j'aime

Du même critique

Watchmen
ChristineDeschamps
5

Critique de Watchmen par Christine Deschamps

Il va vraiment falloir que je relise le somptueux roman graphique anglais pour aller exhumer à la pince à épiler les références étalées dans ce gloubiboulga pas toujours très digeste, qui recèle...

le 18 déc. 2019

23 j'aime

3

Chernobyl
ChristineDeschamps
9

Critique de Chernobyl par Christine Deschamps

Je ne peux guère prétendre y entendre quoi que ce soit à la fission nucléaire et, comme pas mal de gens, je présume, je suis bien contente d'avoir de l'électricité en quantité tout en étant...

le 9 sept. 2019

13 j'aime

5

Tuer l'indien dans le cœur de l'enfant
ChristineDeschamps
8

Critique de Tuer l'indien dans le cœur de l'enfant par Christine Deschamps

Civilisation : "État de développement économique, social, politique, culturel auquel sont parvenues certaines sociétés et qui est considéré comme un idéal à atteindre par les autres." Cela ne...

le 16 avr. 2021

11 j'aime

4