Il faut du courage pour arriver au bout de cette longue fresque pompeuse à souhait... je vois bien son ambition, et ses réussites esthétiques, mais je suis restée au bord de la rizière, je l'avoue, tant ça couinait et se montrait théâtral en même temps que complaisant. La première partie, sur l'éducation à la dure des aspirants acteurs par un maître sadique ne manque pas d'intérêt et vient consolider ce qu'on savait sur la dureté de l'apprentissage à l'opéra de Pékin (et la hiérarchisation sociale d'airain de la société chinoise), et la fin de l'histoire apporte son lot de rebondissements et de situations dramatiques qui justifient qu'on se soit accroché. Mais entre temps, quel pensum ! Autant dire que je ne suis guère sensible aux postures exagérées et à l'action au ralenti des pièces traditionnelles chinoises; je n'y connais rien et je ne ressors pas de cette histoire déterminée à combler mes lacunes tant résonnent encore dans mes oreilles martyrisées les criailleries de la Concubine. Les amateurs me trouveront certainement outrageusement dure avec les canons millénaires qui me sont passés à des années-lumière au-dessus de la tête et j'accepte de plaider l'ignorance, mais je ne vais pas faire semblant d'admirer un art abscons qui dépasse encore la corrida et le French Cancan en broderies et colifichets tape à l’œil dans le même temps qu'il assène des ululements hermétiques pour le béotien de base, qui ne peut que considérer son écran d'un œil rond épouvanté en attendant que les interminables scènes d'opéra finissent pas lui épargner les nerfs auditifs... Bref, un film auréolé de prestige qui restera une curiosité dans mon programme et me dissuadera de pousser plus avant l'exploration hasardeuse des chefs d’œuvre venus de Chine. Pour l'instant au moins, je me connais... Mais je gage que l'outrance (boursoufflée) qui est la marque de ce triangle amoureux tragique me tiendra à distance encore un moment.