Présent en compétition officielle du FIFAM 2016, le film dénote par son rythme lent et par la composition en plans fixes très structurés. Empruntant certaines notes au cinéma de Hou Hsiao-Hsien, le film s'affirme également dans l'impact politique qu'il dégage. Traitant de l'intégration et du travail d'ouvier en Birmanie, on est très rapidement embarqué dans cet univers. Le réalisateur Midi Z arrive a déployer le portrait d'une jungle humaine, d'un monde organisé par l'argent. La violence ressort dans une composition très stable, elle en est amplifiée par sa symétrie ou par sa représentation crue. Une des scènes du film illustre un accident provoqué par une machine de l'usine. Le décor est plongé dans l'obscurité, l'alarme résonne et suivent les cris. Peu à peu la lumière revient, toutes les machines sont encore arrêtées, et l'on comprend en seulement deux plans, qu'un accident grave a eu lieu. Sans subterfuge, le tableau se déploie sous nos yeux : un ouvrier allongé au sol avec l'os de son genou aux grand air dans une flaque de sang.
Road to Mandalay n'est finalement que le trajet d'une étrangère dans un pays qu'elle ne connaît pas. Il y a un semblant de romance mêlé à un drame. Mais c'est surtout la vision personnelle d'un pays fait d'âmes perdus qui alternent entre la misère et l'usine.