Adjust Your Tracking : The Untold Story of the VHS Collector (2013) est un documentaire passionnant de Dan M. Kinem & Levi Peretic qui nous entraîne à la rencontre de cinéphiles et autres cinéphages compulsifs de la VHS.
Celles et ceux qui ont connus l’époque bénie de la VHS, pour certains cela représente une relique d’un autre temps, une brique en plastique qui prenait la poussière et occupait bien trop de place dans leur salon, tandis que pour d’autres (et j’en fais partie, donc je ne suis absolument pas objectif en écrivant cette critique), c’est le Saint Graal d’une époque hélas révolue mais que l’on tente tant bien que mal de maintenir en vie en perpétuant une collection, à l’image de celles et ceux qui collectionnent les timbres.
Ce film, c’est l’occasion de donner la parole à de nombreux fanatiques de la VHS, ceux qui ont grandis avec les vidéo-club (dont je fais partie) et ceux qui ont été atteint de collectionnite aigue en accumulant plusieurs centaines (comme moi) voir plusieurs milliers de boitiers chez eux. On y croise aussi d’ancien éditeurs de VHS et d’anciens exploitant de vidéo-club. Ce film leur donne la parole et nous permet de découvrir des acharnés de la VHS, ils sont littéralement timbrés et c’est en cela que le film est drôle, il dresse le portrait de cinéphiles amoureux qui passent pour des extraterrestres aux yeux des autres quand ils se rendent compte de l’ampleur que cela prend dans leur vie.
Bourré d’anecdotes (notamment l’un d’entre eux qui nous rappelle que son premier magnétoscope lui avait couté au milieu des années 70 jusqu’à 600$, sans parler du prix de sa première VHS, 60$ !). Il est aussi question de l’apparition des tout premiers vidéo-club, véritable bouleversement dans la vie de ces jeunes adolescents entre les années 70 & 80. Puis viendra l’arrivée de la chaîne Blockbuster (tuant lentement mais surement, l’esprit familial et cinéphile des vidéo-club où les loueurs pouvaient vous renseigner, vous conseiller et vous faire découvrir une toute autre vision du cinéma, parfois plus underground), sans parler de l’avènement d’internet et du DVD qui précipitera la fin des VHS. D’autres anecdotes, comme notamment les éditeurs VHS qui ne reculaient devant rien pour nous refourguer leurs pires films, via des jaquettes mensongères (un visuel très beau, à l’inverse du film qui s’y trouvait à l’intérieur).
Tous ont bien conscience des nombreux défauts de la VHS (le son qui saute et l’image qui bavent, mais c’est tout cela qui offre un certain charme à la projection et qui nous rappelle notre enfance, loin de ces diffusions en streaming totalement aseptisées), mais malgré cela, ils ont en horreur les DVD et Blu-Ray.
Le film n’est en rien un documentaire sur la VHS et c’est fort regrettable car il y a tant à dire sur ce petit boitier qui révolutionné le cinéma à la maison. Ici, le film se contente uniquement (comme l’indique le sous-titre) de donner la parole aux acharnés de la VHS. Des portraits exclusivement masculin (pour l’inclusivité on repassera) mais est-ce vraiment gênant ? C’est drôle et très nostalgique à la fois, on s’amuse même à découvrir que l’un d’entre eux s’est reconstitué un vidéo-club dans sa cave (!), avec les rayonnages et le comptoir, sans parler de ceux qui ont désormais la VHS dans la peau ou plutôt sur la peau (comme moi, c’est addictif).
Après cette immersion aussi ludique que passionnante, on a qu’une envie, insérer une k7 dans notre bon vieux magnétoscope et se laisser envelopper d’une douce nostalgie… Enfin, dans le même registre, je ne saurai que trop vous recommander Révolution VHS (2017) Dimitri Kourtchine.
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