Une bien jolie comédie douce amère que ce film de Scott Coffey. On suit les atermoiements d'Amy, une jeune poétesse confrontée au monde réel. Elle détient en elle le feu sacré, la conviction, tout ce qu'elle veut c'est écrire et vivre de son écriture mais le fait est qu'elle n'est pas publiée. On pourrait dire qu'elle n'est tout simplement pas assez talentueuse pour vivre de son art mais tout l'intérêt du film réside dans le fait que, justement, cela ne devrait pas être le propos.
Quand bien même le talent ouvre des portes, c'est souvent insuffisant ou dérisoire, le tout est d'avoir une opportunité. C'est ce qu'Amy cherche éperdument, au delà de la gloire ou de la reconnaissance, avant tout elle aimerait rentrer dans le cercle. Ses parents coupent les vivres et cessent de croire en une percée, elle est à la croisée des chemins. Mais l'important c'est qu'elle sait ce qu'elle veut, la poésie et rien d'autre. Quitte à prendre un chemin sinueux pour y arriver.
Amy se retrouve donc à devoir travailler à l'Adult World, boutique on ne peut plus explicite où le plaisir est roi. Ironique pour elle qui semble réfractaire à la moindre intimité. Elle jongle entre la poésie, les pornos en DVD, les poupées gonflables, vibromasseurs et autres objets en tout genre. Il faut bien vivre. Toutefois elle garde son objectif en point de mire et décide de harceler Rat Billings, un poète reconnu, pour qu'il fasse d'elle sa protégé. Sauf que le Rat, bah il se moque royalement d'elle et ne veut pas être emmerdé par qui que ce soit. Encore moins une groupie.
Mais Amy, elle fait ce qu'elle veut, et elle veut Rat Billings. Cela donne lieu à une scène assez surréaliste de poursuite sous la neige, elle est "armée" d'un vélo tandem que son ami(e) Rubia conduit et chasse la voiture de billings ainsi. La poursuite la plus lente de l'histoire du cinéma probablement, neige et verglas forcément. Elle va finalement réussir à rentrer dans la vie de son poète préféré. La relation est à sens unique, elle n'existe pas pour lui, si il pouvait s'en débarrasser ce serait parfait mais bizarrement il la laisse orbiter dans son monde. Un tutorat à son corps défendant. Le fait est qu'il se moque de ce qu'elle a à proposer. Et c'est là tout le condensé de ce que raconte ce film. C'est un peu tarte, mais le tout est de suivre sa passion quoi qu'il en coute. Amy se décourage, se ridiculise comme jamais, mais elle garde le cap. Même si le monde extérieur lui crie à la figure que c'est une chimère.
Vive la persévérance, vive la futilité, vive Amy.