L'expérience d'une femme qui perd son job relativement privilégié et en quelques heures n'a plus que sa fille. Opposition entre le sens de la vie et le non-sens de la proposition utilitariste, la sélection sociale des individus dans le broyeur qu'on ne nomme même plus. C'est bien fait, pour ressentir la force d'un amour filial face à la brutalité enrobée des injustices parfaitement admises et justifiées. L'écriture des dialogues est raffinée, évite une lourdeur qui expliciterait trop grossièrement cette violence. Le premier ressort du film est politique et nous parle du présent qui vient, du repli élitiste et la mécanique nécessaire pour le maintenir. Pas la pauvreté, mais le déclassement et la pauvre rage désespérée de ceux qui s'accrochent à la classe aisée, prêts à tout pour s'y cramponner. "Mettez-moi dans un corps plus jeune" comme disent aujourd'hui réellement des femmes dont la place devait tenir à leur compétence et mises au rebut. "L'essentiel est le produit, non ?" nous cale dans l'évidence de ce monde-là : le jugement de la compétition et de l'apparence. La conséquence ne peut être dévoilée, l'obsession individualiste mènerait-elle finalement à sa perte, à sa solitude, à sa vanité ? Une bonne leçon pour ceux qui rêvent de vie éternelle. "Je n'existe plus pour les autres. Je ne resterai pas pour une autre raison". Alors tout doit être reconstruit, à chaque fois, il n'y a pas d'individu humain sans amour incarné qui le mette au monde. Ce sont nos autres qui nous font, l'individu seul est perdu. Le rôle de la fille est magnifiquement joué.