Advantageous pose, entre autre, une question au fondement de l'humanité, celle du lien entre corps et esprit, de sa nature.
C'est une question qui semble présente depuis que l'homme pense (qu'est-ce qui m'amène à bouger ce bras et avec cette main à déplacer une boite (la pousser, la porter, etc.) ou encore pourquoi ce corps et non un autre, une des questions du film).
Elle a été retournée par des milliers d'esprits avec des manières de réfléchir différentes selon les périodes (orientées par et autour de croyances pendant longtemps, elle semble depuis deux siècles aller dans le sens de ce qui est nommer le progrès humain).
Elle est posée ici de manière pertinente. Le spectateur est placé dans un monde où une esthétique de la froideur est prééminente (autour des technologies, de l'apparence, d'un jeunisme), où la femme tient une place proche de celle qu'elle a dans notre société : elle est dans le film tout comme dans notre temps un symbole de fertilité (marché des ovules, crainte de ne pas pouvoir enfanter, etc.), elle est toujours jugée majoritairement sur son apparence au détriment de ses compétences, etc.
Le capitalisme, enfin, atteint un nouveau cap dans sa prédominance sociale (matérialisme, paupérisme et autres) avec en contrepoint une forte place de la dimension familiale.
À l'ère où la question du déplacement de la conscience d'un corps à un autre corps ou même un disque dur comme dans Lucy ne choque plus du fait même qu'elle est posée ou autre approche, une communication au lien profond (de plus en plus) entre réel et virtuel ( développée dans la dystopie Her).
Oui, ces évolutions ne semblent plus être de pures fantaisies dans leurs substances et cela illustre la direction du monde moderne ( augmentation progressive du scientisme, réduction de l'idée essentielle de l'âme et délitement des morales religieuses, etc).
Même si la réalisation de telles choses n'est qu'au stade de la réflexion, elles semblent réellement possibles.
Ce film ajoute quelque chose à cette question contemporaine.
La forme qu'il prend est idoine cependant les premiers minutes sont poussives ( le spectateur est troublé par le début avec notamment une forme très marquée et pas intuitive, cette esthétique de la froideur mentionnée au dessus) et son orientation peut être interrogée (toute œuvre à un message et sur ses questions surtout, le message est essentiel).
Mais finalement cette mère prête à tout pour ce qu'elle croit être le bien de sa fille ( l'instinct animal, protéger la progéniture toujours) convainc.
Oeuvre difficile sans être majeure à voir toutefois pour ceux qui s'intéressent à ces interrogations autour de l'être humain et sa possible condition à venir.