Une excellente surprise, ce film où le ton léger prédomine et où l'humour n'est pas absent se déguste telle une friandise. Evacuons déjà les conneries débitées en boucle sur ce film. Non ce n'est pas un film de science-fiction, mais un film dans lequel le héros fantasme sur la planète Mars ! Non, ça n'a pas grand chose à voir avec Métropolis et s'il est exact que c'est tiré d'un roman de Tolstoï, ce Tolstoï-là s'appelait Alexis et non pas Léon. Ce qui charme dans ce film c'est son côté farfelu complètement assumé (déjà la clé du film, le message mystérieux, mais ne dévoilons rien). Ensuite, et c'est un véritable tour de force, le réalisateur parvient à faire sans en avoir l'air une critique des conditions de vie dans l'URSS, et même mieux, de ridiculiser les mouchards de la police politique. Les actrices sont très belles, Yuliya Solntseva dans le rôle d'Alita et Valentina Kuindzhi dans celui de Natasha. Les passages martiens sont très réussis graphiquement avec des décors et des costumes dans un pur style constructiviste qui aura une influence durable sur le genre (voir Flash Gordon). Evidemment la prod (ou plutôt les commissaires du peuple) sont passés par là et ont imposé une fin de rêve martien d'un ridicule achevé : "Suivez notre exemple, camarades et fondez l'Union des Républiques Socialistes de Mars !" mais qui au second degré est à se rouler par terre. Quant à la fin terrienne, l'ordre soviétique est sauf et le (vrai) méchant est arrêté par les flics. Mais qu'importe cette fin, elle est tellement artificielle qu'elle apparaît extérieur au film qui n'en reste pas moins magnifique !
Il est intéressant de savoir ce qu'en disait la presse officielle soviétique (les Izvestia) "La montagne a accouché d'une souris, c'est beaucoup de bruit pour rien. Un an de travail, des dépenses considérables pour la mise en scène et de la publicité, la meilleure organisation technique, un célèbre réalisateur, des acteurs intéressants, un roman célèbre, un vol dans un autre monde, la révolution sur la planète Mars, la Russie soviétique en 1921…. et le résultat : un rêve idiot de petit bourgeois."