Belle petite surprise, une sorte de western bulgaro-roumaine.
Le récit est assez simple, l'objectif est annoncé assez vite. Cette simplicité permet à l'auteur de densifier son récit par les dialogues ou par les rencontres tout au long de voyage initiatique. J'ai beaucoup aimé les questionnements des deux personnages, même si c'est parfois un peu facile. L'auteur casse la linéarité lors de ces différentes rencontres, amène des pauses, digresse, puis rejoint le chemin principal. La fin est plaisante. Je regrette que la relation père-fils ne soit pas plus profonde par moment, mais ça m'a suffit en l'état. Pour compenser ces faiblesses, l'auteur fait preuve d'un humour simple, pas trop envahissant, réussi, qui rappelle parfois le cinéma américain. Autre petite point positif, une contemplation des us et des coutumes : ça m'a par exemple fait plaisir de voir qu'il y avait déjà des 'grandes roues' à cette époque.
Ce qui m'a surtout plu, je l'avoue, c'est la mise en scène. Il est rare de voir un film à petit budget avec un noir et blanc aussi travaillé. Certaines scènes sont magnifiques, que ce soit dans une clairière ou à l'intérieur d'un lotissement, la lumière perce et rythme l'image. Le contraste est souvent très fort, laissant des blancs et des noirs rappelant que la justice ne fait pas dans la subtilité ni la nuance. Les plans sont assez bien composés. Le découpage manque parfois d'inspiration (au final tous ces plans dans les forêts se ressemblent) mais est tout au moins lisible d'un bout à l'autre, y compris cette scène dans le grenier, un lieu assez petit dans lequel un personnage en attaque un deuxième qui lui tirera dessus. En revanche, le montage souffre de grosses chutes de rythme dues à ces fondus au noir que je déteste tant. Ce n'est pas possible d'en foutre autant dans un film, bon sang ! Les acteurs sont également assez bons, très naturels dans leur jeu.
Bref, j'ai passé un plutôt bon moment devant ce film même si le scénario aurait pu être plus poussé par endroit.