Avec les films comme After, c'est du quitte ou double. En entrant dans la salle, vous savez que vous jouez votre séance à pile ou face. De deux choses l'une : soit votre témérité trouvera une juste rétribution, soit vous ressortirez du cinéma avec votre billet coincé en travers de la gorge. Par chance, vous avez vu (peut-être ?) Silent Hill Revelation 3D, et dans la mesure où le film de Ryan Smith pourrait difficilement être pire que celui de Michael J. Bassett, vous voilà rassuré juste ce qu'il faut pour oser franchir le pas. Quel que soit le spectacle auquel vous assisterez ce soir, il ne pourra qu'être meilleur et ce, sur tous les plans - c'est toujours ça de pris (et c'est ce que vous aurez de plus proche d'une garantie au moment où les lumières s'éteindront).
Vous avez envie d'y croire, du reste, parce que si le pitch a des airs de déjà-joué, il n'en est pas moins intriguant ou prometteur, bien au contraire. Quitte à copier-coller, autant se tourner vers les valeurs sûres.
Vous avez envie d'y croire, aussi, parce que la bande annonce vous laisse entrevoir quelque chose, une étincelle ou une zone d'ombre, un mot ou un regard qui vous promettent plus qu'un jeu de massacre ou du sanguinolesque. Aussi vous arrêtez-vous à ce quelque chose, vous y agrippez-vous avec la force du désespoir et espérez-vous très très fort qu'il sera représentatif de l'oeuvre.
Une chance pour vous (ou pas, selon la catégorie de public à laquelle vous appartenez), il l'est.
Loin d'un énième film d'épouvante au rabais, ou d'une simple resucée de Silent Hill, After laisse de côté le dérangeant et le malsain, pour lorgner plutôt sur le Monsters de Gareth Edwards (à l'instar du récent Beyond de Baker et Large), sans les belles images et la direction artistique soignée, certes, mais avec la même envie de casser les codes et de privilégier l'humain.
On pourrait croire qu'à force, on finirait par se lasser de l'archétype "couple en milieu hostile, tendance surnaturel, luttant pour sa survie", mais la sincérité de l'entreprise l'emporte (haut la main), et si le spectateur connaît le scénario par coeur, s'il n'y a aucun doute sur le sort de ces deux personnages et sur la finalité de l'intrigue, l'auteur déplace habilement les enjeux, de manière à poser l'intérêt de sa trame ailleurs que dans le seul "pourquoi ?".
Le rythme est lent. La peur n'est pas au rendez-vous. Il y aura bien un monstre, mais il fera de la figuration. Et puis quoi ? Ce n'est pas le propos. Si le montage sans inspiration, le côté cheapos de certains trucages ou le côté terne des images laissent dubitatif, dans un premier temps, l'ambiance "4ème Dimension" et l'alchimie qui lie les deux acteurs embarque lentement, mais sûrement, jusqu'au final lumineux.