After Blue: Paradis Sale, ou l'histoire d'une société de sorcières sans vergogne dans un far ouest lubrique et végétal.
Dans ce space western érotique, Mandico et son équipe nous font atterrir sur la planète After Blue. Un paradis sale, taché par l'humanité, dans lequel Roxy l'adolescente en chaleur ouvre une boîte de pandore et se retrouve forcé à rectifier le tir.
Tout d’abord, il faut admettre la beauté et la technicité des images que Bertrand Mandico et son équipe nous donnent à voir. Après un premier long-métrage en noir et blanc, ce passage à la couleur fait du bien et impressionne tant par sa maîtrise que par son ambition. C’est encore plus impressionnant lorsqu’on sait que le réalisateur film sur pellicule et que la quasi-totalité des effets visuels sont produits sur place lors du tournage. Et c'est encore plus impressionnant encore lorsqu’on sait que c'est un film français qui va sortir au cinéma. Pour ça il faut clairement remercier l'ensemble des personnes impliqué dans la production et la distribution de After Blue: Paradis Sale. À mon avis nous pouvons être fière d'avoir une telle oeuvre dans les paysages du cinéma français des années 2020. C'est rare et ça a véritablement le mérite d'exister!
Point de vue image donc, rien à dire, on est face à un expert esthète. Le cadre, les décors, les costumes et les accessoires sont pour la majeure partie très beaux et contribuent parfaitement à l'ambiance Paradis Sale - à l'exception des armes à feu ou le pastiche prend un peu trop le dessus à mon goût.
Côté actrices, Élina Löwensohn (Zora la coiffeuse paumée du village) et Vimala Pons (Veronika Sternberg l'artiste bobo des bois) sont AU TOP. À un tel point que j'en ai regretté la performance timide de Paula Luna Breitenfelder. Le contraste entre les deux monstres de charisme et l'apprentie sirène aurait pu être magique mais j'ai trouvé que ça refroidissait une peu trop l'ambiance.
Cela dit, mon seul véritable bémol s'est fait ressentir dans la durée. Si j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir le monde dans lequel l'histoire se déroule, j'en ai pris beaucoup moins à suivre l'histoire qui est somme toute assez banale dans sa structure et que ne m'a pas vraiment intéressé outre mesure. Le parcours de Roxy à moins d'importance que la galerie de décors et de personnages qui peuplent After Blue - c'est trop évident. Ce scénario saveur western de base servirait-il juste de prétexte à nous faire voire After Blue la magnifique? Au final, j'ai la sensation d'avoir visité une exposition dans un muséum d'histoire naturelle de l'espace trop cool plutôt que d'être allé voir un film à proprement parler. Un paradis sale donc, légèrement décevant côté scénario après le voyage qu'avait été Les Garçons Sauvages.
Petit PS: ayant vu After Blue: Paradis Sale le lendemain de la projection du film de Sono Sion - Prisoners of the Ghostlands - à l’Étrange Festival, je suis obligé d'établir un parallèle. Le space western aurait-il le vent en poupe ou est-ce le genre cinématographique le plus propice à l'absence de scénario digne de ce nom? Toujours est-il qu'After Blue: Paradis Sale à le bon goût d'être magnifique, ce qui n'est pas le cas de Prisoners of the Ghostlands...