Choisissant de ne pas verser dans le récit d'enquête (sur les responsabilités de l'accident) ni sur le thriller qu'on aurait pu imaginer avoir (en mettant en scène de manière trop appuyée la quête de vengeance), le film opte pour le portrait assez douloureux de deux hommes brisés par un accident malheureux dont l'incapacité à trouver leur place dans le monde suivant la tragédie va finir par les conduire à la catastrophe. Le film les suit avec une certaine pudeur dans la chute provoquée par le isolement dans un monde devenu incompréhensible, rongé par la culpabilité pour l'un et miné par l'absence de considération élémentaire pour l'autre...
Alors bien sûr, ça manque surement d'un peu de substance, de souffle, et la prestation des deux acteurs reste limitée par un script un brin mollasson dont les aspects systématiquement dépressifs provoquent finalement un certain ennui. On n'évite pas quelques raccourcis assez décevants (et un final un brin lourdaud), et les scènes où les deux personnages interagissent avec d'autres figures (avocats, collègues, famille) se déroulent sans grand génie mais la radicalité mélancolique et désespérée du tout m'a assez plu. Je reste assez dubitatif sur le choix de Schwarzenegger pour le rôle principal, a la fois plus gros intérêt du film, et peut être l'une de ses plus grosse faiblesse. On reste fasciné par sa présence, même si on a du mal à croire à son personnage.
En tous cas, en rapport avec les libertés prises par des films relatant des faits réels (comme le récent film d'Eastwood par exemple), je trouve assez salutaire que le film prenne ses distances avec la réalité en n'assumant n'être qu'une réinterprétation des faits réels.