Un exercice de style plus qu'une révélation
Afterschool avait quelques bons ingrédients : ses acteurs, son histoire pas très originale (la recherche de soi quand ce qui semble important à 18 ans c'est d'être quelqu'un de normal et d'être apprécié de tous) mais servie par une mise en scène et un montage, qui s'ils n'étaient pas inédits, promettaient d'être intéressants (la plupart des films traitant d'internet, des jeunes, d'images et de vidéos subissent des traitements similaires, oscillant entre succession de plans furtifs et d'autres plus longs, où le tangible n'a pas sa place). Cependant ce semblant de documentaire scénarisé sonne un peu creux. Quelques plans inutiles et longs, donc longuement inutiles. Si l'on ne peut reprocher le manque de justesse - car on le sait bien que la limite est poreuse entre ce qui semble réel et ce qui n'est que fiction, surtout face à un flux ininterrompu d'images - on mettra en évidence cette sensation de réchauffé qui s'installe et qui ne se déloge pas.
Antonio Campos ne désirait apporter aucune réponse. Il a bien raison, il n'est pas la pour jouer les médiateurs. Qu'est ce qui pourrait bien donner, légitimement, du crédit à ses conclusions de tout façon. Non, Campos n'est pas là pour exposer une théorie sur la psychologie comportementale, qui aurait nécessité d'en savoir plus sur ses personnages qu'à peine quelques mois de leur vie. Il expose simplement des faits. Malheureusement, si la plus part des spectateurs ne retiennent qu'un sentiment de malaise suite au visionnage du film (sentiment qui ne me semble pas vraiment justifié, un film peut troubler sans pour autant nous mettre mal à l'aise), ils en ressortent aussi avec une incompréhension écrasante. Et je ne parle pas du mystère qui règne autour des personnages et de leurs actions. Encore une fois, ce n'est pas dérangeant de ne pas avoir toutes les réponses et je trouve la position du réalisateur intelligente que de ne pas se placer dans la tête de Robert, de Dave, des jumelles ou du personnel scolaire.
Pourquoi Antonio Campos n'est pas aller plus loin ? Lorsque le générique de fin défile sur l'écran j'ai l'impression qu'il (me) manque quelque chose. Et cette impression ne disparaît pas au fil des jours. Comme si le réalisateur entamait une réflexion, mais s'arrêter en cours de route de peur d'en dire trop sur son point de vue. Hors, il a une très bonne maîtrise pour simplement montrer sans jamais juger, voila pourquoi il est dommage de s’être arrêté en si bon chemin. C'est peut être finalement pour ça que le film semble un peu plat et confus.
Moi je suis d'accord pour regarder des plans fixes au cadrage particulier et des scènes souvent banales, parfois triviales, si cela sert le propos. Je ne reste pas moins intéressée par ce réalisateur, qui signait là son premier long métrage.