Un père et sa fille de 11 ans séjournent pendant quelques jours dans un club de vacances sur la côte turque, à la fin des années 90. Il se passe finalement peu de choses dans Aftersun, le premier long-métrage de l’Écossaise Charlotte Wells, qui décrit avec sensibilité la complicité nouvelle entre deux êtres que la vie a séparé. Mais ces moments anodins ne sont pas qu'insouciance, avec une mise en scène qui instille subtilement une inquiétude, tout d'abord indéfinissable, mais de plus en plus prégnante, accentuée par de courtes scènes postérieures de 20 ans qui concernent la fillette désormais adulte. Quel drame se joue derrière les joies de l'instant, pour ce duo qui se (re)découvre ? De quoi souffre vraiment ce père aimant, si malheureux lorsqu'il se retrouve seul ? L'on ne peut qu'esquisser des débuts de réponse et imaginer la raison qu'a une jeune femme aujourd'hui de se replonger dans les souvenirs de son passé. Là où Aftersun intrigue et, finalement, séduit, c'est dans son refus d'expliquer clairement de quoi il retourne, sans pour autant cesser de nous obliger à réfléchir à ce qui se cache derrière un récit faussement banal. Entre Sofia Coppola et Lynne Ramsay, Charlotte Wells exprime déjà un talent très sûr, y compris dans sa direction d'acteurs avec les interprétations tout en finesse de Paul Mescal et de la jeune Frankie Corio, dont la belle alchimie participe grandement au plaisir anxieux pris devant Aftersun, si fragile et si maîtrisé.

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le 1 févr. 2023

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