Aftersun ou comment émouvoir sans histoire

Après une année intense de visionnage de films, je crois avoir compris qu’un film n’a pas forcément de destination. S’il faut qu’il ait une fin, rien n’indique qu’il doive avoir un début, ni même un chemin à suivre.

Aftersun fait partie de ce genre de films qui se ressentent plus qu’ils ne se suivent.


L’histoire : des vacances entre un père et sa fille. Leur relation est fusionnelle et on ne sait pas exactement qui est l’adulte dans l’histoire. L’histoire se crée comme des souvenirs lointains, que l’on reconstruit avec pour seule base de vieilles vidéos de famille.

Ce qu’on retient surtout, c’est la solitude profonde de ces deux personnages. Aussi entourés soient-ils, tous deux sont marginaux. L’une est entre deux âges, dans cette époque bâtarde entre l’enfance et l’adolescence. L’autre se morfond dans un chagrin indicible mais omniprésent.

Les effets visuels rendent parfaitement compte de cette solitude. La zone de netteté à l’image ne laisse jamais deux personnages clairement distincts dans le champ, l’un est toujours flou. Mais ce sont surtout les gros plans qui rendent compte de l'isolement, ainsi que certaines compositions qui laissent des objets obstruer et cloisonner l’image.


Le but n’est pas d’être moraliste. On ne cache rien des défauts de ces personnages (le père est parfois négligent, la fille est têtue) mais on nous laisse apprécier pleinement la beauté et la pureté de leur relation. Au fond, Aftersun ne fait que dresser un portrait poignant. L’histoire qui se déroule timidement sous nos yeux est un joli prétexte pour nous présenter ces personnages et nous les faire comprendre. Sans doute que certaines personnes s’y reconnaîtront. Les autres n’en seront pas moins bouleversés.


emimile01
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le 18 déc. 2022

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