Des images filmées par un caméscope.

Des souvenirs de vacances avec son popa.

Une pré-ado qui grandit vite (trop vite ?) par la proximité entretenue avec son jeune père. C'est intéressant de voir qu'un contexte non familial, des parents séparés, créent un dérèglement dans les positions, dans l'évolution de l'enfant. La petite fille de 11 ans est tour à tour confidente lorsque son père lui raconte ses petites histoires amoureuses ou qu'il lui avoue que sa nouvelle maitresse est super mignonne (mon dieu), sœur lorsqu'elle joue au billard, mère lorsqu'elle l'inscrit dans son dos au karaoké du camping et se retrouve face à son refus - légèrement - immature. Et enfin, femme, quand elle le retrouve nu endormi dans son propre lit et qu'elle doit prendre le sien en échange. Cette confusion de position entraîne un désir d'accéder à un monde, "le monde des grands", de quitter ce foutu monde de l'enfance - c'est ce que va signifier son premier bisou avec le petit gros... Pourtant, on la ramène sans cesse à son statut d'enfant, elle est à l'écart, le "cul entre deux chaises".

Alors c'est intéressant, c'est universel, mais le film ne propose rien de tout ça, à la limite il suggère (et encore). Il ne provoque aucun sentiment d'universalité. En fait, il faut vraiment le vouloir pour voir ce qui est intéressant et le pire ce n'est pas que cela demande une réflexion ou un effort intense, c'est que cela demande de ne pas se lever de son siège, de résister au soporifique de la nébuleuse du Moi. Le film montre des images, il ne dit rien, ne fait rien. Si les images sont belles bah je me suis quand même demandé si quelque chose allait se passer à un moment. Les souvenirs de la réalisatrice ont visiblement primés sur la nécessité d'une intrigue, d'une action, d'un mouvement. Comme le souvenir, le film est figé dans ses belles images. Et si c'était la visée même du film ? Dans ce cas, ce n'est pas un film à projeter dans une salle de cinéma mais plutôt sur un vidéoprojecteur lors d'un mariage, d'un anniversaire, d'un élan de nostalgie égocentré. Qui va au cinéma pour regarder une longue vidéo de vacances ?

- Avec de belles images certes. -

Luxe
5
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le 6 mai 2023

Critique lue 74 fois

7 j'aime

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