A Hard Day's Night
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Dès le début du film je me suis demandée si c'était le matériel de l'époque qui ne permettait pas de faire entendre les voix intelligiblement par dessus un moteur de voiture. Bien sûr, non.
Il semble que Godard ai volontairement imposé un "brouhaha constant" : des voix, des verres qui tintent - le vent, les feuillages, les tracteurs, les moteurs, les sèche cheveux, et j'en passe... Tout cela en arrière fond, nous forçant à tendre l'oreille pour comprendre les échanges entre Arthur, Odile et Franz. On peut avoir l'impression agréable que ces quelques mots échangés sont des trésors qui se méritent, que dans cette densité extrême et vivante il y a des finesses à déceler. Cette impression donne un ton magique et lumineux aux dialogues qui ne sont pourtant pas exempt de simplicité.
Par ailleurs, l'effort inhabituel à fournir ne m'a pas sorti du film, au contraire, l'intensité et la focalisation m'y ont projeté et en plus, avec un effet de réalisme insistant. Il y a donc un contraste appuyé entre cette "bande à part" et le monde bruyant duquel ils sont paradoxalement au centre et par lequel ils sont noyés et étouffés.
Et si dans "bande à part" l'essentiel était ailleurs que dans les dialogues ou les descriptions orales de Godard ? Et si les sentiments et le récit étaient, en fait, bien mieux incarnés par l'image, la musique et la bande sonore ? Le mot liberté écrit en gros derrière les portes du métro que scrute Odile vaut peut-être mieux que des monologues grandiloquents.
Jouant avec nous JLG fait mine d'ouvrir des parenthèses afin de "décrire les sentiments des personnages" : lors de la très belle scène de la danse dans un bar café, il annonce la deuxième parenthèses du film avant de laisser la musique jazz retentir encore plus fort. Puis, laisse place à une alternance entre sa parole et la musique, l'air de nous donner l'opportunité de faire notre propre choix entre la parole et la musique dansée : quel est le meilleur moyen de communiquer l'intériorité du trio ?
Finalement, cette mise en scène de la bande son interroge ce que peuvent les paroles mieux que les images et la musique et ce "brouhaha constant" n'étouffe pas les paroles, il en démontre seulement la vanité.
On questionne un monde saturé de bruit, de mots - un monde où tout fuse rapidement et encombre la pensée, le présent, la vie. En parallèle, une valorisation du silence est proposée sans qu'il aboutisse à une solution durable.
Franz qui suggère de faire une minute de silence devant la futilité des échanges, le brise en premier, ressentant -sans doute - un profond malaise.
Une vraie minute de silence ça dure une éternité
Peut-être, devrions nous apprendre à apprécier les vertus du silence ? De l'introspection à la véritable écoute le silence est une expérience vivante qui peut nous aider à nous connecter avec le moment présent et à être davantage conscients de notre environnement. Bref voilà ma critique qui s'achève sur de la philosophie de comptoir qui, je crois, existe en filigrane dans Bande à part à un niveau supérieur.
- Ou alors le son est juste dégueulasse
Créée
le 4 juin 2023
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7 j'aime
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