Against All par Supavince
En 1988, Danny Lee, alors au sommet de sa carrière lançait sa société de production, la Magnum Films, qui allait produire une trentaine de films en majorité d’action avec bien souvent en vedette Danny Lee himself œuvrant dans la police tel un justicier. Dans Against All, il endosse donc pour la énième fois le costume de flic mais cette fois-ci en second rôle, non sans importance dans le récit, et vient en appui d’une jeune génération d’acteurs.
Against All enchaine les premières : Andrew Lau (Legend of Speed, Infernal Affairs) réalise ici son premier film (il s’offre au passage un caméo jouant un producteur de musique) et Nick Cheung quant à lui joue son premier rôle en haut de l’affiche. Très chétif, il impose déjà une certaine présence à l’écran et apporte de la profondeur à son personnage Steve Cheung. Steve et ses 4 amis sont de jeunes hongkongais passionnés de sport mécanique. En plus de cette passion, Steve est extrêmement doué en dessin, ce qui nous gratifie de moments assez posés et sympas en début de films.
Les protagonistes principaux étant de jeunes adultes, le film se veut parfois moraliste quant au message délivré envers la jeune génération, surtout concernant le rapport qu’ils peuvent avoir avec les triades, un peu normal quand on sait que les films avec Danny Lee mettent souvent la police à l’honneur et que celui-ci était très apprécié à l’époque des forces de l’ordre (chose amusante, Nick Cheung avant de devenir acteurs était policier !). Danny Lee jouant le rôle de l’oncle de Nick Cheung, on a le droit à plusieurs reprises à des scènes de sermons… Romance, amitié, triades, le film traite au sens large différents sujets. Against All peut se rapprocher de films comme Gangs, School on Fire, A rascal’s tale ou encore Gangs 1992 et préfigure la série des Young & Dangerous qu’Andrew Lau lancera quelques années plus tard. Même si son traitement s’avère moins profond et social qu’un Gangs par exemple, le récit n’en demeure pas moins intéressant et Andrew Lau réussit à bien nous immerger dans son récit et ses querelles de jeunes.
Steve et ses amis vont être bien malgré eux confrontés à la pègre. Steve va avoir le coup de foudre pour une belle chanteuse de club, qui bien sûr aura également tapé dans l’œil d’un fils d’une pointure du milieu et forcément, cette situation créera des tensions entre les bandes rivales et conduira inéluctablement à des confrontations et règlements de comptes. Et c’est là que le rythme du film va accélérer et devenir réellement un triade movie, traité de façon plutôt classique pour l’époque (on en connait une palanquée dans le genre), mais efficace et réalisé avec panache pour nous tenir en haleine jusqu’au bout. L’action est chargée de rage, et exprime l’injustice qui tombe sur les protagonistes principaux. Et que dire du final, tout simplement excitant, sous fonds de vengeance, qui vaut vraiment son pesant de cacahuètes.
A côté de ça, Against All n’échappe pas à un petit côté kitschou (fucking 90’s !) lorsque la chansonnette est poussée, malgré la très belle voix soit dit en passant de Jacqueline Ng, et que la musique au synthé nous fait un petit retour vers le futur qui fait mal ou bien marrer, au choix… Heureusement que le film regorge de qualités, comme l’action et son rythme déjà évoqué plus haut mais également son casting, où l’on retrouve avec plaisir les trognes habituelles des productions Magnum tels que Shing Fui On, James Ha, Ricky Yi, Parkman Wong (le grand pote de Danny Lee) ou encore l’homme à tout faire, Wu Ma, mais également une génération de jeunes acteurs accompagnant Nick Cheung comme Tse Wai Kit ou Lam King Kong.
La Magnum Films se voulait être découvreur de talents. Après avoir lancé la carrière de Stephen Chow, celle de Nick Cheung était lancée par le studio. Avec une mise en scène soignée, une histoire prenante et un rythme soutenue, Against All est plus que plaisant et rempli généreusement son contrat de film d’action de divertissement.